Interrogations autour de la figure du maître.
Paru dans Scolaire le mardi 02 février 2010.
Qu’est-ce qu’un maître? A cette question, on répond communément: celui qui sait. Dans l’esprit général, le maître est celui qui a la maîtrise du savoir et du savoir-faire. L’ouvrage Figures de la magistralité, Maître, élève et culture, paru chez l’Harmattan, s’emploie à dépasser cette définition sans-doute trop incomplète.
N’est-il pas paradoxal de vouloir maîtriser un enfant naturellement libre? Que devient la magistralité aujourd’hui? Quel rapport entretient-elle à la culture? Autant de questions que soulève la notion de magistralité, dont cet ouvrage présente des aspects et des figures majeures, de Kant à Rousseau.
On notera la contribution de J.M Lamarre sur les liens entre magistralité et culture. L’auteur suppose que l’enseignement délivré en classe n’est vivant que si l’enseignant donne ce qu’il est plus que ce qu’il a, ce qui nécessite que l’enseignant ne se limite pas aux compétences professionnelles acquises en IUFM, mais poursuive librement sa formation en entretenant un rapport vivant et personnel à la culture.
Un chapitre conduit par René Hétier, chercheur à Nantes, interroge par ailleurs la place du corps du maître dans une société de plus en plus informatisée. Si le corps du maître est absent, que fait et apprend l’enfant? Dans le cadre des classes où le savoir est "incarné" par un maître, les corps se font face avec un double risque: L’élève peut séduire son professeur, le maître punir physiquement l’élève. Renaud Hétier pointe les écueils de l’informatisation des apprentissages, qui, éliminant la confrontation des individus, pourrait bouleverser la construction "d’interdits fondamentaux".
Figures de la magistralité, Maître, élève et culture, Sous la direction de Pierre Billouet (collectif), L’harmattan, collection pédagogie, novembre 2009.