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CAP et BEP : des diplômes aux rendements "de plus en plus clivés socialement" (Céreq)

Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 18 mai 2017.

La filière professionnelle est de plus en plus marquée par une dualisation, entre le CAP et le bac pro, remarquent des chercheurs du Laboratoire économie et sociologie du travail (Lest) d’Aix-Marseille Université, dans un article publié par le Céreq dans l’ouvrage "Rendement éducatif, parcours et inégalités dans l'insertion des jeunes - Recueil d'études sur la Génération 2010" diffusé le 10 mai. Ainsi, le CAP (surtout celui préparé dans la voie scolaire) accueille de plus en plus des élèves dont les parents ont un très faible niveau d’éducation et qui sont eux-mêmes marqués par de faibles acquis scolaires. À l’inverse, le bac professionnel, lui, voit son estime sociale "légèrement augmenter".

Intitulée "D’une génération à l’autre : enseignement professionnel et inégalités sociales", l’étude compare l’insertion de deux catégories de jeunes, l’une entrée dans la vie active en 2004 et l’autre en 2010. Centrée sur les sortants de l’enseignement professionnel, elle met en lumière à la fois des effets propres à la crise économique survenue en 2008, mais aussi l’impact des modifications du système éducatif et de la contraction des emplois aidés pour la génération 2010.

CAP et BEP : l’insertion "s’est considérablement dégradée"

Au sujet de la dualisation entre CAP et bac pro, les chercheurs estiment qu’elle pourrait trouver son origine "dans les dispositifs de préprofessionnalisation du collège dont les usagers sont très marqués par les difficultés sociales de leur milieu d’origine doublées d’un retard scolaire conséquent dès la fin du primaire". Ils jugent cette évolution "d’autant plus préoccupante que la sélectivité du marché du travail touche maintenant durement les titulaires d’une qualification de premier niveau (CAP ou BEP)".

Ainsi, l’insertion des titulaires d’un CAP (ou d’un BEP) "s’est considérablement dégradée avec l’approfondissement de la crise de l’emploi, y compris pour ceux qui ont suivi une spécialité industrielle, jusqu’alors plus reconnue sur le marché du travail". Au final, parmi la génération sortie du système éducatif en 2010, les difficultés d’insertion des titulaires d’un CAP ou d’un BEP sortis du système éducatif en 2010 sont "équivalentes à celles rencontrées par les non diplômés six ans avant".

Bac pro : les bacheliers industriels s’en sortent mieux

Du côté du bac pro, l’insertion se révèle également plus difficile, mais avec des différences assez nettes selon les filières : "Bien qu’en nette dégradation (doublement du taux de chômage d’une génération à l’autre), l’insertion des bacheliers industriels – composés d’une forte majorité de garçons – reste, toutefois, nettement moins défavorable que celle de leurs homologues tertiaires, des jeunes femmes très majoritairement", remarquent les chercheurs. Et d’interroger : "Cette double différenciation, par genre et par domaine de spécialité, tiendrait-elle au caractère plus sélectif de la préparation de ces spécialités industrielles, ce que reflèterait l’origine sociale de ces bacheliers, nettement plus 'favorisée' dans la dernière génération entrée sur le marché du travail en 2010 ?"

Au final, l’étude note "des rendements de l’éducation et des diplômes de plus en plus clivés socialement, que l’on prenne en compte le taux de chômage trois ans après l’entrée sur le marché du travail ou la qualité de l’emploi pour ceux qui ont pu s’insérer professionnellement". Ainsi, pour le CAP ou BEP, entre les diplômés de 2004 et 2010, "l’écart de taux de chômage selon que l’on est issu d’une famille ouvrière ou cadre passe de 3 à 10 points (de 4 à 8 points pour ce qui est de la proportion d’emplois à durée indéterminée), les évolutions étant similaires pour les spécialités tertiaires et industrielles". En revanche, les évolutions s’avèrent moins marquées aux niveaux bac et bac+2. "La reconnaissance dont jouissent ces titres sur le marché du travail est suffisamment forte pour transcender les différences de capital social", estiment les chercheurs.

L’article est consultable ici

Diane Galbaud

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