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La pédagogie Freinet est ancrée dans la joie: qu'est ce qui génère le bonheur d'apprendre par amour d'une discipline ? (ICEM-pédagogie Freinet)

Paru dans Scolaire le vendredi 05 mai 2017.

"Au-delà des techniques auxquelles le profane l’identifie, bien au-delà même des grands principes fondateurs qui la définissent et guident les actions de ses praticiens et militants, la pédagogie Freinet est ancrée dans la joie." C’est par cette phrase que commence l’éditorial du numéro d’avril 2017 du Nouvel Educateur, revue de l’Institut coopératif de l’école moderne (ICEM-pédagogie Freinet, ici) dont le dossier porte comme titre Apprendre dans la jubilation.

L’éditorial rappelle que, d’un côté, il y a ce qu’on appelle la pulsion épistémophilique, c’est-à-dire la curiosité intellectuelle, une pulsion naturelle, innée chez l’enfant, curiosité qui, chez le tout petit humain, passe surtout dans un premier temps par les sens et qui est bien de l’ordre de la préhension/compréhension du monde. Et de l’autre, la dimension érotique du savoir qui désigne son côté séduisant, attrayant, captivant.

Or, ces deux univers faits pour s’entendre, pour se compléter, s’imbriquer, s’enrichir et s’accroître mutuellement ne se rencontrent pas à l’Ecole, ou si peu ou si mal ou par hasard.

L’Ecole, envisagée comme une entité globale, indifférenciée

C’est dans ce cadre que la recherche s’intéresse, entre autre, à ce qui peut générer le bonheur d’apprendre par amour d’une discipline ou, au contraire, sa détestation et, par effet de halo, celle de l’Ecole, voire de l’apprentissage en général. C’est ainsi qu’Yves Reuter, coordonnateur de l’ouvrage Vivre les disciplines scolaires. Vécu disciplinaire et décrochage à l’école (édité chez ESF en 2016), propose une approche du décrochage scolaire autour de "aimer/détester une matière". La revue a choisi d’en rendre compte au travers d’une interview de cet universitaire publiée dans Le Café pédagogique.

Selon Yves Reuter, la plupart des études sur le décrochage se focalisent sur des facteurs extrascolaires ou sur les interactions entre ces facteurs et les fonctionnements de l’Ecole, envisagée comme une entité globale, indifférenciée. Pour lui, cela néglige le poids des "fonctionnements disciplinaires", le fait que le décrochage n’est pas uniforme, et peut commencer par telle ou telle matière. Cela revient à renvoyer la lutte contre le décrochage scolaire à des dispositifs externes à la classe. Mais la recherche montre que la prévention de ce décrochage commence dans la classe, ce qui redonne aux enseignants toute leur place.

Le chercheur insiste sur trois pistes : ne pas réduire le système disciplinaire aux matières dites principales (aux "fondamentaux"), car ce sont souvent les matières dites "secondaires", notamment les arts visuels et l’EPS (éducation physique et sportive), qui contribuent à "l’accrochage" des élèves ; tout faire pour aider à la compréhension et éviter craintes et souffrances ; mettre en œuvre des pédagogies alternatives qui conduisent à moins de décrochage et à plus d’accrochage scolaires.

Un certain nombre de raisons entraîne qu’une discipline soit exécrée ou appréciée : le choix ou l’imposition, être exposé à la vue de tous (par exemple quand on va au tableau), le rapport à la compréhension, les pratiques évaluatives, la manière dont la discipline conforte ou met en péril l’identité que se construit l’élève, la routine ou "l’extraordinaire disciplinaire" (sorties, matchs, projets…), apprendre des choses nouvelles ou non, répondre ou non aux questions que se posent les élèves, pratiquer un enseignement "frontal" (avec silence, prise de notes et apprentissage par cœur) ou "alternatif" avec échanges et mise en situation de recherche des élèves…

Angoisse et stress

"Il n’existe pas de fatalité liée à une matière" dit Yves Reuter. Pour illustrer son propos, il parle des mathématiques, qui sont vécues difficilement dans le secondaire par un certain nombre d’élèves (angoisse, stress lié à la peur de ne pas comprendre), sauf lorsque les méthodes d’enseignement sont modifiées et qui, a contrario, sont une discipline préférée dans le primaire.

Cependant, la genèse du décrochage est très variable et la détestation d’une discipline peut provoquer soit des effets en chaîne, soit être compensée par le goût pour d’autres matières. D’après le chercheur, les enseignants peuvent prévenir ces phénomènes en prenant conscience de leur importance et en agissant sur "les fonctionnements disciplinaires". Il ne s’agirait donc pas d’intervenir sur les sentiments des élèves mais sur les mécanismes qui les génèrent. L’important, c’est de ne pas se limiter à considérer quelques élèves à risques mais "les risques qu’engendrent certains fonctionnements disciplinaires pour tous les élèves."

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