"La politique qui vient d’en haut doit s’attacher à valoriser l’innovation qui vient d’en bas" (Ken Robinson))
Paru dans Scolaire le mardi 02 mai 2017.
"Shanghai n’a pas besoin d’écoles soi-disant modèles mais d’établissements qui appliquent des principes éducatifs sains, qui respectent le développement physique et psychologique des élèves et qui leur procurent des bases solides leur permettant de se développer tout au long de leur vie". Cette récente déclaration de Yi Houqin, haut responsable du Comité de l’éducation de Shanghai, sert parfaitement l’argumentation de Ken Robinson dans son nouveau livre intitulé "Changez l’école !".
Ken Robinson, spécialiste de l’éducation, est surtout connu pour sa conférence "L’école tue-t-elle la créativité ?", vue par 40 millions de personnes dans le cadre des conférences TED (Technology, Entertainment and Design). Ce nouvel ouvrage, écrit en collaboration avec Lou Aronica, un romancier américain, annonce "la révolution qui va transformer l’éducation".
Des réformes mondialisées
Constatant que "de tout temps, on a débattu des objectifs de l’éducation, de ce que l’on devait enseigner et de la façon de le faire", les auteurs constatent qu’aujourd’hui on est passé à un mouvement mondial pour la réforme de l’éducation : "De nos jours, les gouvernements examinent les systèmes éducatifs des autres pays de manière aussi scrupuleuse que leur politique de défense".
Raisons économiques, culturelles, sociales, personnelles, l’éducation est devenue un enjeu particulièrement sensible et l’efficacité des politiques gouvernementales sont jugées à l’aune des classements internationaux comme l’enquête PISA. "Comme la question est trop importante pour être laissée entre les mains des établissements, le gouvernement doit prendre les rênes de l’éducation", soulignent les auteurs.
Abandonner le modèle industriel
Et pour "redresser le niveau", "en revenir aux fondamentaux", rien de mieux que "la standardisation", les "programmes nationaux", "les cours en classe entière plutôt qu’en petits groupes", "la mise en concurrence des élèves et des établissements", voire "la privatisation"… Pour quel résultat ? "Si le mouvement de standardisation donnait les résultats espérés, il n’y aurait rien à ajouter", ironisent les auteurs.
Grâce à de nombreux témoignages et aux comptes rendus de recherches internationales, Ken Robinson et son co-auteur préconisent d’abandonner complètement ce "modèle industriel". Ils prônent une approche personnalisée dans laquelle les valeurs humaines reviendraient au premier plan et préconisent une organisation plus souple : "La politique qui vient d’en haut doit s’attacher à favoriser l’innovation qui vient d’en bas".
Il s’agit donc de procéder autrement et des pays comme l’Argentine, la Chine ou l’Ecosse sont d’ores et déjà entrés dans cette transformation. En Ecosse "ce cadre est né d’un long processus de consultation des enseignants, des parents, des élèves, des chefs d’entreprise et des élus locaux […] Il ne s’agit pas d’un cadre normatif imposé par le haut, il laisse une large place à l’interprétation des établissements". A noter qu’à la fin de l’ouvrage, un chapitre rassemble des interviews de chefs d’établissement et d’enseignants francophones qui innovent avec succès dans leurs écoles.
"Changez l’école !", Editions Play Bac, avril 2017, 22,90€.