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Peut-on enseigner l'oral ? (un dossier de veille de l'IFE)

Paru dans Scolaire le mercredi 26 avril 2017.

"L’écrit et la parole sont intimement liés", mais "ils sont souvent mis en opposition à l’école et hiérarchisés", alors que "la maitrise du langage est une priorité sur laquelle s’édifie l’ensemble des apprentissages". L’enseignement de la langue en France "a été marqué par plusieurs décennies de politiques linguistiques-éducatives qui ont donné à la langue écrite ses lettres de noblesse, laissant peu de place à l’enseignement du langage oral". Marie Gaussel, dans le dernier dossier de veille de l'IFE consacré à la place de l'oral dans les apprentissages, évoque "un grand chantier à mettre en œuvre", non sans souligner que "dans toute la francophonie, il a fallu attendre les années 1990 pour que la didactique de l’oral trouve sa place dans les travaux consacrés à la didactique".

En France, l’école "a, dès la Renaissance, posé les fondations d’une école tournée vers la culture des élites, c’est-à-dire une culture essentiellement livresque" au point que "le mode parlé n’est pas encouragé, et même souvent interdit et dévalorisé". L'institution tient aujourd'hui des discours contradictoires : "on déplore que l’école utilise une langue trop éloignée de celle utilisée par les élèves, on reproche aux manuels de ne montrer que la langue littéraire, et aux enseignant.e.s de laisser parler les élèves de façon trop familière. Les enseignant.e.s doivent tout mettre en œuvre pour que les élèves maitrisent l’écrit et ses usages de plus en plus tôt, mais on critique le peu de temps consacré à l’apprentissage de l’oral."

Les fonctions du langage oral

De plus, "les jeunes enfants apprennent à parler spontanément", ce qui pourrait dispenser d'un apprentissage, sinon celui du "langage légitime", celui "de la culture scolaire", soit une vision limitée des "diverses fonctions du langage", et des compétences correspondantes : "savoir attendre son tour de parole, demander la parole, marquer la fin de son tour de parole ; savoir écouter et mémoriser ce que dit autrui, savoir (...) le résumer ; (...) savoir illustrer son discours d’exemples pertinents ; savoir développer un point de vue (...); savoir convaincre autrui (...); savoir vérifier auprès d’autrui si l’on a bien compris ce qu’il veut dire ; savoir respecter les règles de politesse et savoir ménager les autres."

Dès la maternelle, le lien est évident "entre difficultés scolaires et compétences linguistiques" et "les écarts sont très visibles en terme d’acquisition de vocabulaire mais aussi de maitrise dans les échanges en interaction". Or, "au début des années 1990, la modification des apprentissages précoces de l’articulation oral-écrit à la maternelle s’est opérée (...) en introduisant dans les classes toutes sortes de matériaux écrits", ce qui a réduit d'autant la place laissée "aux activités purement orales" et les apprentissages nécessaires à une meilleure entrée dans l’écrit".

Des injonctions sans cadre

Pourtant "l’oral n’est pas un écrit dégradé", "il possède son propre code et ses marques linguistiques et communicationnelles". Doit-il pour autant faire l'objet d'un enseignement spécifique, ou seulement d'un apprentissage implicite, du fait des situations de prise de parole dans les différentes disciplines ? "L’oral peut-il faire l’objet d’un véritable apprentissage et si oui, dans quelles conditions ? (...) Quelle est la prise en charge par la discipline français par rapport aux autres disciplines ?" Du point de vue de l'institution, "même s’il y a de plus en plus d’injonctions à enseigner et à évaluer l’oral, on est loin de proposer aux enseignant.e.s des objectifs et des compétences visées clairement définis" et "il n’existe pas vraiment de cadre pour son enseignement", hors "quelques repères de progressivité dans les programmes de 2015 accompagnant un tableau récapitulatif des attendus en fin de cycle 2".

Leur mise en oeuvre et plus encore leur évaluation sont délicates car "l’oral est difficile à observer et complexe à analyser", il ne laisse pas de trace, son fonctionnement est "mal connu", le jugement porte "sur d’autres dimensions que les seules compétences (apparence, timbre de voix, type d’expression, etc.)" tandis qu'il est "marqué par les pratiques sociales de référence : parler fort ou doucement, parler vite, parler près sont des marqueurs de variations culturelles". Et pourtant, "l’oral réflexif" constitue "un formidable levier pour une réorganisation des pratiques qui permettrait aux élèves de construire des points de vue et réseaux conceptuels nouveaux".

Le dossier de veille de l'IFÉ "Je dis, tu parles, nous écoutons : apprendre avec l'oral", daté d'avril 2017 (Marie Gaussel) est téléchargeable ici.

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