Des propositions pour un accès effectif des jeunes en situation de handicap aux études supérieures et à l’emploi (Livre blanc de l’Arpejeh)
Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 09 mars 2017.
"Je veux vous citer l’exemple d’une jeune fille à qui je demandais ce qu’elle voulait faire plus tard et qui m’a répondu qu’elle pensait passer un CAP petite enfance alors que je l’imaginais devenir ingénieure…", témoigne Luc Derache, directeur des ressources humaines de Bayer et trésorier de l’Arpejeh, lors de la présentation jeudi 9 mars du Livre blanc de l’association intitulé "Pour un accès effectif des jeunes en situation de handicap aux études supérieures et à l’emploi".
Créée en 2008, l’Arpejeh (Accompagner la réalisation de projets d’études de jeunes élèves et étudiants handicapés) réunit des entreprises de tous secteurs et des collectivités publiques et elle "agit pour une meilleure formation, qualification et employabilité des jeunes en situation de handicap". Elle recense 3 000 collaborateurs d’entreprises actifs, 65 entreprises membres, 6 académies conventionnées et 7 500 jeunes bénéficiaires depuis sa création.
Une préparation insuffisante à l’entrée dans le supérieur
Pour son président, Bertrand Signé, "si un nombre croissant de jeunes en situation de handicap accède aujourd’hui à la scolarité, le bilan est loin d’être suffisant". Pour preuve le sondage Opinion Way réalisé pour l’Arpejeh en février : 70% des Français jugent que ces enfants ne sont pas suffisamment préparés par l’école à faire des études supérieures et 85% que la réalisation d’un stage en entreprise favoriserait leur insertion professionnelle.
Après avoir échangé pendant un an avec les acteurs clés du champ du handicap et dans le contexte pré-électoral, l’association a décidé de publier un Livre blanc qui énumère les difficultés rencontrées et liste sept propositions pour faciliter l’accès des jeunes aux études supérieures et à l’emploi.
L’Arpejeh souhaite que l’on sensibilise les enfants à l’inclusion scolaire tout au long de l’année et ce depuis le plus jeune âge, que l’on renforce la formation initiale et continue des enseignants sur le handicap, que l’on s’assure que les élèves de 3e en situation de handicap effectuent réellement leur stage de découverte, que l’on mette en place, au niveau national, une coordination effective des référents académiques dans ce domaine, qu’on professionnalise le métier d’AESH (Accompagnants des élèves en situation de handicap), qu’on se dote d’études et d’éléments statistiques sur le parcours des élèves et qu’on revoie le financement de l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapés).
Renforcement de la formation des enseignants
Ségolène Neuville, secrétaire d’Etat en charge des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion, absente lors de la présentation mais dont le discours a été lu, a insisté sur la progression de la scolarisation en milieu ordinaire : "300 000 élèves en situation de handicap sont désormais accueillis dans les écoles, c’est 30% de plus qu’à la rentrée 2011" (280 000 et + 25 % selon le ministère de l'Education nationale, ndlr).
Parmi les propositions de l’Arpejeh, elle a notamment retenu le renforcement de la formation des enseignants, rappelant la mise la mise en place, à la rentrée 2017, d’un certificat d’aptitude professionnelle aux pratiques de l’éducation inclusive et à la formation professionnelle spécialisée, une formation commune aux enseignants du premier et du second degré. Ségolène Neuville a aussi approuvé la nécessaire professionnalisation du métier d’AESH et la pérennisation des emplois. Elle précise que "les 56 000 contrats aidés à temps partiel d’auxiliaires de vie scolaire vont être transformé progressivement en contrat d’AESH, en CDD avec passage possible en CDI au bout de 6 ans" et ajoute que "près de 6 000 équivalents temps plein d’AESH en ont déjà bénéficié à la rentrée 2016" (selon la ministre de l'Education nationale, il s'agit de transformer 56 000 emplois d'AVS précaires en 32 000 emplois pérennes d'AESH, ndlr).
Colette Pâris