Le plan interministériel "Enfants en danger : dans le doute agissez !" présenté par Laurence Rossignol
Paru dans Petite enfance, Culture, Justice le jeudi 02 mars 2017.
"Enfants en danger : dans le doute agissez !" : le plan interministériel de mobilisation et de lutte contre les violences faites aux enfants 2017-2019 que Laurence Rossignol, ministre en charge notamment de l’enfance, a présenté devant les cadres de la protection de l’enfance, les associations, des magistrats et avocats, des médecins et personnes de la société civile ainsi que la presse hier mercredi 1er mars a été clairement placé en regard de la recommandation 43 émanant des Nations unies formulée à la suite de l’audition de la France en janvier 2016. Elle demande à l’Etat "d’accélérer l’adoption d’une stratégie globale visant à prévenir et combattre toutes les formes de violence à l’égard des enfants, dans le cadre de la politique générale de protection de l’enfance".
"Les données sur les morts d’enfant liées à des violences intrafamiliales doivent donc être consolidées et faire l’objet d’une publication annuelle" est-il indiqué dans l’axe 1- objectif 1 "Recenser et rendre visible les violences" car es données ne sont pas centralisées de la même manière par les ministères et elles sont vraisemblablement sous-estimées avec 17 cas par an officiellement recensés en 1996-2000 alors que l’enquête menée par Anne Tursz (Inserm) compte 255 infanticides par an soit 15 fois plus.
A des données plus fiables produites par une systématisation des examens post-mortem en cas de mort inattendue des nourrissons, devra aussi correspondre une meilleure compréhension et analyse, ce qui suppose de "confier aux Observatoires départementaux de protection de l’enfance (ODPE) un travail d’analyse systématique des conditions ayant conduit à la mort d’un enfant".
L’axe 2 – objectif 1 ("Promouvoir une éducation bienveillante dans le respect de l’enfant") propose de développer des outils de soutien à la parentalité afin d’agir en prévention auprès de tous les parents et de "mobiliser les lieux de soutien à la parentalité pour promouvoir une éducation sans violences". A la suite du livret déjà donné aux parents à la naissance, un second livret sera donné à partir du 21 mars prochain aux parents dont les enfants atteignent 11 ans dans l’année, concourant à la prévention à l’exposition des mineurs à la pornographie. "C’est une violence sous-estimée, notamment par ce qu’elle implique ultérieurement pour les relations filles et garçons", estime la ministre.
L’axe 3 porte sur la formation des professionnels pour "Favoriser le repérage des violences faites aux enfants par tous les professionnel.le.s qui les entourent", avec la mise en place dans tous les hôpitaux, de médecins référents sur les violences faites aux enfants. Un outil de formation bénéficiera selon Mme Rossignol de "l’expérience de la lutte contre les violences faites aux femmes (LCVFF)". "Grâce à l’expérience accumulée, avec le plan pour les enfants nous réussirons, nous savons faire" a-t-elle ajouté en rappelant "dans le 5ème plan LCVFF il était déjà prévu de protéger les enfants témoins des violences faites aux mères (…) Par miroir, c’est une violence faite aux enfants."
L’axe 4 "Accompagner les enfants victimes de violences" prévoit "le recueil de la parole des victimes" mais aussi "la prise en compte des victimes d’inceste et de violences sexuelles durant l’enfance dans le réseau de téléphonie sanitaire et sociale". A cet égard, la ministre a précisé "nous transfèrerons les appels 'Violences femmes info' sur 'Enfants en danger' s’il y a présence d’enfants et pour renforcer la prise en compte des victimes d’inceste et de violences sexuelles durant l’enfance sur le 08VICTIMES (incestes)", l’objectif étant de "mieux écouter" et " mieux former les écoutant.e.s des différentes plates-formes à la prise en charge et à l’orientation des victimes d’inceste, de violences sexuelles durant leur enfance". Elle rappelle qu’ "à 55 ans, le principal déterminant de la santé est d’avoir subi ou non des violences dans l’enfance".