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Refondation : il faudra poursuivre dans le temps les chantiers qui ont été ouverts (Comité de suivi)

Paru dans Scolaire le mardi 21 février 2017.

Le "Comité de suivi de la loi du 8 juillet 2013 pour la refondation de l’école de la République" vient de publier son second rapport annuel. Il "a été frappé par la progressive appropriation de la cohérence des axes de travail engagés par la loi, même si une mise en application 'en bloc' des programmes d’enseignement à la rentrée 2016, à l’école primaire et au collège, a sans aucun doute créé une certaine tension chez les acteurs, enseignants, chefs d’établissements, directeurs d’école et inspecteurs pédagogiques, dans leur mise en oeuvre".

D'une tonalité globalement plus positive que le rapport de l'an dernier qui décrivait une réforme "au milieu du gué" (voir ToutEduc ici), celui-ci n'en est pas moins critique, notamment à l'égard de la communication institutionnelle sur la réforme qui "a parfois laissé entendre que n’étaient pris en compte que les élèves à faible niveau", même si, finalement, "la réflexion sur la personnalisation de l’aide et sur l’évaluation (a) permis de remettre en relief l’attention à apporter à chaque élève afin que chacun puisse (...) aller vers la maîtrise du socle commun de connaissances, de compétences et de culture".

Le temps plus long de l’appropriation

Et surtout, le Comité reconnaît "la nécessité du temps pour faire vivre certains dispositifs", ce qui l'a amené à qualifier la loi de refondation "de dynamique", puisqu'elle "ouvre des chantiers qu’il appartiendra de poursuivre", de l'inscrire dans "le temps plus long de l’appropriation, seule susceptible d’engager un changement profond des pratiques". Mais déjà, il note que, au dire des acteurs, ce qui a manqué le plus "dans la mise en oeuvre de cette réforme était le temps : le temps de la concertation, (...), le temps de la réflexion et du recul, (...), le temps de la concrétisation, celle des partenariats locaux du service public du numérique éducatif, et le temps crucial de l’analyse des besoins et de l’évaluation (...)".

Le Comité "tient à souligner que le discours institutionnel présente désormais cette réforme et celle du collège comme un ensemble" et il "salue l’effort considérable d’accompagnement des recteurs et de leurs équipes en académies, mais également du ministère au niveau central concernant les nouveaux programmes, avec la publication de ressources en très grand nombre en ligne sur eduscol. La masse qu’elles constituent et leur caractère parfois disparate, voire sans mise en cohérence d’un cycle à l’autre notamment, rend toutefois cette offre d’une appropriation difficile. Des formations nationales et académiques ont également donné des axes pour l’application de ces changements. Cet effort n’a pas encore atteint l’intégralité de la cible des enseignants mais il a touché les cadres et les conseillers pédagogiques." Autre difficulté non encore résolue, celle de "l’évaluation liée aux nouveaux programmes de cycles, notamment dans le second degré".

Voici les points saillants de la partie du rapport consacrée à la mise en oeuvre de la réforme dans le 1er et le 2d degrés

LES PROGRAMMES. Dans le premier degré, les enseignants se plaignent du "caractère peu lisible des programmes". De plus, pour ceux qui "ont des classes à plusieurs niveaux sur deux cycles, 200 pages environ sont à lire et assimiler. En revanche, il n’y a pas d’hostilité qui toucherait le fond et la pertinence de la réforme."

MATERNELLE.  "Il est apparu au Comité de suivi que le cycle 1 (la maternelle, ndlr) avait fait l’objet d’une mise en oeuvre tardive par rapport à la promulgation de la loi certes, mais avait été mieux reçue par les enseignants et selon des modalités de mise en oeuvre plus vertueuses que les autres cycles."

PDMQDC. A propos du dispositif "Plus de maîtres que de classes", le Comité souligne que "l’équipe entière se réunit souvent autour des bilans de fin de période et que les analyses du maître 'plus' et de l’enseignant de la classe se diffusent à toute l’équipe. Au-delà de la satisfaction globale des acteurs, on peut en effet observer, dans les configurations les plus proches des attendus, un phénomène intéressant de professionnalisation progressive des équipes et de stabilisation de ces équipes."

RYTHMES SCOLAIRES. "Le Comité de suivi a pu constater que les acteurs très fortement mobilisés par la mise en place du dispositif restaient les IEN (les inspecteurs du 1er degré, ndlr), qui sont également à l’oeuvre dans l’action de mise en place des nouveaux programmes et des nouveaux cycles, ce qui (...) représente un surcroît très important d’activité qu’il conviendrait d’accompagner."

EDUCATION PRIORITAIRE. "Force est de constater que les avis sur la politique de l’éducation prioritaire continuent de diverger (...) Des effets positifs sont identifiés par les académies, en termes de ressources humaines, par exemple, de stabilisation des équipes pédagogiques." Et le Comité "a pris conscience de la difficulté d’appréhender la question de l’efficacité de l’éducation prioritaire du fait de la complexité des situations. Il semble en effet qu’il faille prendre en compte des variables que l’on sait mal traiter", qu'il s'agisse des caractéristiques des élèves comme des enseignants, des démarches pédagogiques ou "des flux de population".

EVALUATION. La mise en oeuvre du LSUN (le livret scolaire unique numérique) est retardée parce que les éditeurs de logiciels "de consignation des notes des élèves" comme Pronote n'ont pas livré leur interface avec le livret. De plus, "les textes ne disent rien sur la manière dont les équipes positionnent l’élève par rapport aux compétences en corrélation avec les notes prises dans les disciplines. Donc les projets, l’aide personnalisée (AP), les enseignement pratiques interdisciplinaires (EPI), les nouveaux programmes, le positionnement de l’élève se font aujourd’hui, quand ils se font, sans les compétences." Au total, le livret "apparaît comme le grand absent de la mise en oeuvre de la réforme".

EPI ET AP. Pour le Comité, la situation des EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires) et de l'AP (accompagnement personnalisé) est "contrastée et en phase de démarrage". En ce qui concerne les premiers, ils "font l’objet d’une mise en oeuvre pour le moins disparate d’un collège à l’autre". Il est de plus difficile d'en connaître les contenus réels, même si des heures sont "fléchées EPI" dans les emploi du temps. "En revanche, si les EPI ont suscité beaucoup de réticence et de résistance en 2015-2016 (...), ils ont globalement été mis en place à la rentrée 2016. Concernant le dispositif AP, il sert souvent à mettre en place des dédoublements." Les chefs d’établissement qu'a interrogés le Comité estiment que "la réflexion et la mise en oeuvre ont beaucoup avancé depuis 2015" et qu'ils suscitent, "dans certains établissements", "une bonne volonté et un intérêt intellectuel", même s'ils sont "peu raccordés ni entre eux, ni, dans le discours, aux contenus des nouveaux programmes".

CYCLE 3 (le cycle CM1-CM2-6ème) et CONSEIL ECOLE - COLLEGE.  Pour le Comité, les instances Ecoles - Collèges sont "en cours de mise en place", et tendent à rapprocher "les cultures professionnelles du premier et du second degré". Elles ne sont pas perçues "comme l’instance d’un cycle commun". Des actions en inter degrés sont conduites, mais "l’objectif de progression pédagogique commune est encore à construire".

UNE AGENCE D'EVALUATION DU SYSTEME SCOLAIRE. Au total, le Comité estime que "le principe de la cohérence de l’ensemble des points de réforme" reste "à consolider" et il se demande s'il ne conviendrait pas de créer "une agence autonome des parcours scolaires et des formations, qui, sur le modèle du conseil supérieur de l’éducation du Québec, pourrait choisir les thèmes et les partenaires des études qu’il mène sur l'état et les besoins de l'éducation, les modalités de leur diffusion, préconiser des modes de formation des enseignants, organiser la réflexion critique, les consultations, en particulier de représentants de la société civile et du monde économique, et les évaluations sur les programmes et les formations" (ce qui correspond, peu ou prou, au cahier des charges actuel du CNESCO, ndlr)

LES PRECONISATIONS. Le Comité préconise notamment de "poursuivre l’effort de mise en cohérence des points de réforme de l’école et du collège en insistant sur les compétences fondamentales" et de "s’appuyer sur les apports des sciences cognitives pour ancrer le continuum entre l’école et le collège et former les enseignants", lesquels doivent aussi être formés "à l’évaluation des élèves par compétences en inter degrés".

Le Comité est composé de quatre députés, Yves Durand (SRC, président), Jean-Noël Carpentier (RRDP), Martine Faure (SRC), Dominique Nachury (LR), quatre sénateurs, Dominique Bailly (PS), Marie-Annick Duchene (LR), Brigitte Gonthier-Maurin (CRC), Michel Savin (LR), et de quatre personnalités désignées par le ministre en charge de l’éducation (Khaled Bouabdallah, président de l'Université de Lyon), Alain Bouvier (ancien recteur), Viviane Bouysse (IGEN), Béatrice Gille (rectrice de l’académie de Créteil).

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