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Mal préparés aux exigences de l’enseignement supérieur, les bacheliers professionnels sont nombreux à y échouer (Colloque sur les 30 ans du bac pro)

Paru dans Scolaire le mercredi 08 février 2017.

"Il s’agit d’un baccalauréat professionnel , autrement dit destiné à l’insertion professionnelle, alors que la première fonction du baccalauréat était jusque-là de permettre l’accès à l’enseignement supérieur." Ces lignes sont extraites d’une des nombreuses contributions qui ont constitué la matière première du colloque international organisé fin 2015 par l’université de Lille avec le soutien de l’Education nationale et consacré au trentenaire de la création du bac professionnel, colloque dont les actes sont publiés par le ministère. D’abord destiné, en effet, à la vie active et préparé en quatre ans, le baccalauréat professionnel (le bac pro) a effectivement changé de cursus. Sous l’effet de la rénovation de la voie professionnelle engagée en 2007 et actée en 2009, il est désormais préparé en trois ans. Il est donc officiellement mis à égalité avec les autres baccalauréats et plus étroitement relié à l’enseignement supérieur. C’est aussi le deuxième bac de France par le volume de ses titulaires, le premier étant le bac général et le troisième le bac technologique.

Cependant, si le bac pro ouvre l’accès à l’enseignement supérieur, il n’y garantit en rien la réussite. Mal préparés aux exigences de l’enseignement supérieur, les bacheliers professionnels sont nombreux à y échouer. Mais ils ne renoncent pas pour autant à s’y engager. Du coup, même si l’entrée dans la vie active demeure son premier objectif, la poursuite d’études devient une finalité affichée du baccalauréat professionnel. En l'occurrence, il s’agit d’éviter l’échec aux jeunes issus du bac professionnel qui peinent à obtenir une licence lorsqu’ils sont inscrits à l’université. Pour cela, rationalité et bienveillance sont convoqués. De fait, de nouvelles formes de segmentation de l’enseignement supérieur sont appelées à faciliter les poursuites d’études des bacheliers professionnels par une sorte de régulation de leur parcours. Ainsi, dans la liste des diplômes de 2015, le ministère de l’éducation nationale spécifie que le baccalauréat professionnel "permet aussi des poursuites d’études dans l’enseignement supérieur court, en particulier en BTS". BTS (Brevet de Technicien Supérieur) préparé en Section de Techniciens Supérieurs (STS) qui demeure, force est de le constater, une voie sélective dans laquelle la concurrence des bacheliers généraux et technologiques est réelle : les bacheliers professionnels y représentent 32 % des inscrits mais seulement un tiers des premiers vœux exprimés par des bacheliers professionnels pour une STS est satisfait alors que ce taux est de 43 % pour les terminales générales et technologiques.

Clarifier les attendus du BTS

Selon des intervenants à ce colloque, il faut donc travailler tout à la fois sur la fluidité des parcours d’accès aux STS pour les bacheliers professionnels qui le souhaitent et sur une meilleure articulation de l’amont et de l'aval pour favoriser leur réussite, celle-ci restant très en-deçà de celle des bacheliers généraux et technologiques. Cela implique notamment un développement des échanges entre équipes de bac pro et de BTS pour développer une connaissance réciproque des référentiels et des méthodes pédagogiques de l’autre cycle et une clarification des attendus respectifs des référentiels de bac pro et de BTS, une meilleure articulation de ceux-ci.

L’expérimentation en 2016-2017, dans plusieurs académies, d’un dispositif spécifique d’admission des bacheliers professionnels permettant, sur avis de l’équipe pédagogique de terminale, à des bacheliers qui le souhaitent d’intégrer prioritairement une STS devrait y contribuer, en complémentarité des démarches de projet et d’accompagnement des poursuites d’études déjà développées dans un certain nombre d’établissements.

Conserver les spécificités de la voie professionnelle

Toujours selon des intervenants, c’est un défi majeur et  il sera nécessaire d’éviter l’écueil de la "scolarisation" des référentiels et de la formation menant au baccalauréat professionnel : l’ "égale dignité" des voies ne signifie pas uniformité et les spécificités de la voie professionnelle, qui est de longue date un lieu d’innovation, sont aussi des atouts.

Malgré l’étape qui a été franchie dans l’intégration de la voie professionnelle au sein du système éducatif et ce, par la rénovation de cette voie, la réalité est têtue: il reste encore à faire puisque les distinctions avec les autres voies d’enseignement persistent en terme de hiérarchie des filières. Or, le but fixé de conduire 60 % d’une classe d’âge à un diplôme de l’enseignement supérieur en 2025 ne pourra être atteint, comme le rappelle un ancien recteur, "qu’avec la contribution du bac pro : c’est le seul qui se développe. Ce qui n’est pas le moindre des paradoxes, la structure même de ce bac ne préparant pas à la poursuite d’études mais à l’insertion professionnelle."

Ce qui ne manque pas de soulever deux interrogations : faut-il une nouvelle réforme du bac professionnel pour l’adapter à cette nouvelle ambition ? Faut-il l’assortir d’une autre réforme, celle de l’enseignement supérieur pour spécialiser les parcours de formation et les diplômes, au risque de contredire les affirmations d’égalité et d’une circulation plus fluide entre les différents cursus ? Les différents candidats aux présidentielles semblent, pour l’instant , ne pas avoir proposé de réponses à ces interrogations.

"La voie professionnelle à l'épreuve du baccalauréat et de la hausse du niveau d'éducation: les 30 ans du bac pro. Politiques éducatives, normes scolaires et marché du travail", CPC études- 2016 no 1, en ligne sur Eduscol (ici) d'ci fin février ; version papier à commander à l'AFDET (ici).

 

 

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