Apprendre à lire modifie le cerveau. (Travail de recherche).
Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire le samedi 23 janvier 2010.
Quels sont les effets de l’apprentissage de la lecture sur le cerveau? Un collectif de chercheurs, réunis autour de Manuel Carreiras, ont mis en évidence les processus en jeu lorsqu’un enfant se familiarise avec l’écrit. Ce genre d’étude a longtemps été rendue complexe, la difficulté principale étant que l’apprentissage de la lecture se déroule au cours de l’enfance, moment où le cerveau est mis à contribution pour toutes sortes d’apprentissages parallèles. Comment isoler ce qui relève spécifiquement des effets de la lecture? L’histoire récente de la guérilla en Colombie a offert aux chercheurs une opportunité de recherche. Les guérilleros, qui profitent du programme de réinsertion sociale proposée par le gouvernement colombien, apprennent à lire, en tant qu’adultes.
Les chercheurs ont comparé l’IRM des cerveaux des guérilleros qui apprennent à lire avec l'IRM d’individus analphabètes. Résultat: Les "guérilleros-lecteurs" augmentent progressivement leur quantité de matière grise dans les aires occipitales, associées à la vision, l’aire temporale supérieure, associée à la parole, et deux autres associées au processus de traitement sémantique des mots. Ceci tendrait à prouver que la lecture stimulerait des aires préexistantes dans le cerveau. Les zones cérébrales nécessaires pour lire se développeraient sous l’effet conjoint de la pratique et des stimulations, suivant le modèle d’un sportif qui se musclerait par l’entraînement.
L’article complet est disponible dans la revue Nature, n°461: Le lien