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Constante macabre et évaluation par contrat de confiance : la continuité d'un mouvement "bien engagé" (colloque)

Paru dans Scolaire le jeudi 02 février 2017.

"On a mis clairement la question de l'évaluation au cœur des réformes pédagogiques", déclare Florence Robine lors du colloque du MCLCM (mouvement contre la constante macabre). La directrice générale de l'enseignement scolaire, qui s'exprimait au nom de la ministre et qui a resitué cette problématique dans celle de la refondation, a souligné qu'il s'agissait de l'un des leviers pour "faire évoluer les pratiques", de façon qu'elles soient "plus lisibles", "plus équitables" et qu'elles contribuent à "faire progresser les élèves".

André Antibi est à l'origine de la dénonciation de la "constante macabre", qui veut que dans une classe, quel que soit son niveau, il faut qu'un certain nombre d'élèves aient de mauvaises notes, et de l'EPCC, l'évaluation par contrat de confiance, qui suppose que les élèves disposent d'informations explicites sur ce que l'enseignant va leur demander lors d'une évaluation. Il estime que le mouvement est "bien engagé" puisque, "depuis quelques années, enfin, les textes officiels dénoncent une évaluation qui décourage, qui est génératrice d'échecs injustifiés, qui fait perdre confiance en soi, même dans les classes de bon niveau, et qui peut même humilier parfois (...) Tous les témoignages, très nombreux, convergent: les élèves évalués par ce mode d'évaluation travaillent beaucoup plus car ils savent que leur travail sera récompensé (...) Pour nous, la valeur 'travail' est importante à l'Ecole."

Accompagner et former les enseignants

Des propos qui correspondent à ceux de Florence Robine qui rappelle qu'une "conférence nationale", présidée par Etienne Klein, avait été lancée par Benoît Hamon quand celui-ci était ministre de l'Education nationale. Le candidat à la présidence de la République a d'ailleurs depuis régulièrement participé aux colloques du MCLCM auquel il a publiquement apporté son soutien. L'ancienne rectrice de Créteil évoque ces parents qui, "comprenant mieux ce qu'on attend de leurs enfants, se sentent capables soutenir leurs enfants". Elle estime aussi qu'en matière d'évaluation, il faut "sortir d'une logique binaire, acquis vs non acquis". Les enseignants ne s'y retrouvent pas et mettent "une croix au milieu, entre les deux cases". Il faut donc mener sur ce problème de l'évaluation "un travail d'accompagnement et de formation des enseignants". Elle souligne que le LSU (le livret scolaire unique) "s'inscrit dans une continuité de pensée depuis de nombreuses années" puisqu'il équipe les enseignants pour mener un travail longitudinal de suivi des élèves et transversal avec leurs collègues.

La directrice généralede l'enseignement scolaire rapporte encore qu'elle revient du BETT, le grand salon du numérique éducatif à Londres et elle a été frappée de voir que toutes les entreprises ont implanté dans leurs logiciels "une évaluation en temps réel" qui permet aux élèves de se tester eux-mêmes. Avec les apports de l'intelligence artificielle et du big data, donc de la comparaison avec les démarches d'autres jeunes confrontés aux mêmes difficultés, ils peuvent les guider sur les "chemins optimum" pour "favoriser l'acquisition des connaissances". Et, prédit-elle, "on est devant une révolution dont on ne soupçonne pas l'étendue", mais l'acte pédagogique doit rester "au pilotage de tout ça", en garder la maîtrise de façon que l'évaluation soit "un acte majeur et conscient".

Dépasser les clivages

Jean-Michel Blanquer, son prédécesseur à la DGESCO, estime lui-aussi que le mouvement lancé par André Antibi est "important", c'est pourquoi il lui apporte son soutien comme il le faisait quand il était au ministère. Il insiste d'ailleurs sur la nécessité de "dépasser les clivages", les "jeux de rôle", et se félicite de la continuité de l'action politique, au moins sur ce dossier. Il ajoute que, pour lui, "l'éducation passe par la confiance", et s'inquiète de voir que le système scolaire "a perdu la confiance de la population". Mais "on a besoin d'évaluation", d'ailleurs les enfants "aiment l'évaluation". Jacques Grosperrin, sénateur (LR) ajoute que l'évaluation par contrat de confiance devrait aussi exister à l'ENA, et lui aussi appelle à "dépasser les clivages".

Mais l'inspecteur général Jean Fabre considère que si, actuellement, quelque 50 000 enseignants pratiquent l'EPCC, c'est "loin d'être gagné", il y a "des blocages au sein de l'institution". L'ancien recteur Philippe Joutard craint qu'on ne confonde "évaluation et sélection", deux nécessités distinctes. Et il faut mettre fin à l'humiliation qui marque à vie les enfants, comme il l'a appris auprès d'ATD-Quart monde.

L'évaluation des enseignants aussi

Le colloque est aussi l'occasion de nombreux témoignages. Xavier Buff, enseignant de mathématiques à l'université Paul Sabatier de Toulouse assure que ses étudiants de L3, futurs professeurs des écoles, avec lesquels il a mis en place l'EPCC ont "d'excellents résultats" au concours. Marion Guilloteau, professeure d'anglais dans un collège a vu "ses élèves se mettre à travailler". Eric Gutlowski, inspecteur de l'Education nationale, a mis en place l'évaluation par contrat de confiance des enseignants qu'il inspecte et qui choisissent sur quel thème ils seront inspectés, qu'ils le maîtrisent particulièrement bien ou, au contraire, qu'ils s'interrogent sur la meilleure façon de faire. Résultat de cette forme de collaboration, ses rapports d'inspection sont passés de 5 à 50 pages ! Thierry Dalmasso, Dasen adjoint des Bouches-du-Rhône, indique que les élèves de l'éducation prioritaire à Marseille sont plus faibles à l'entrée en 6ème que leurs homologues ailleurs en France, sauf ceux qui ont bénéficié d'un enseignement explicite.

La représentante du SGL (le syndicat général des lycéens) ajoute que son organisation "se bat pour une nouvelle forme d'enseignement et de notation", pour "recréer le dialogue avec les professeurs", "les faire changer de mentalité". Elle soutient l'EPCC pour "redonner espoir aux élèves" qui, quand ils rentrent chez eux, ne savent pas "où ils doivent travailler".

Un choeur d'élèves venus d'un collège privé d'Auxerre chante l'hymne contre la constante macabre, avec ce refrain :

"Constante macabre, c'est fini / On ne veut pas de toi ici / Parents, élèves, grands petits / Seront tous ravis !"

 

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