Education artistique et culturelle : une voie d'acquisition des fondamentaux (B. Cazeneuve)
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture le lundi 30 janvier 2017.
"L'éducation artistique et culturelle doit tenir un rôle central dans la formation des jeunes Français" et elle "offre une voie originale pour l’acquisition des savoirs fondamentaux" estime Bernard Cazeneuve. Le Premier ministre intervenait ce 30 janvier à l’occasion de la réunion du Haut conseil de l’éducation artistique et culturelle dont la composition vient d'être renouvelée (voir ToutEduc ici). Il ajoute que "toutes les études montrent que la pratique artistique améliore les résultats scolaires d’ensemble des élèves" et si, "bien des gouvernements par le passé se sont montrés conscients" de la nécessité de cette éducation, "jamais avant ce quinquennat, un ensemble aussi complet de réflexion, de mesures concrètes et de moyens n’avait été décidé pour (lui) donner la place qu’elle mérite".
Le Premier ministre considère en effet que la réforme des rythmes scolaires, la mise en place du parcours d’éducation artistique et culturelle et l’instauration d'un EPI "culture et créations" au collège fait que "chaque élève bénéficie désormais d’une éducation à l’art et par l’art depuis la maternelle jusqu’au lycée". Il souligne l'effort budgétaire consenti, près de 2 milliards d’euros du ministère de l’Education nationale auxquels s'ajoutent "des moyens spécifiques aux parcours d’éducation artistique et culturelle, à hauteur de 8 millions supplémentaires sur 3 ans". Du côté du ministère de la Culture, "grâce à la loi 'Liberté de création architecture et patrimoine' adoptée cet été, l’implication des artistes et des professionnels dans les projets d’éducation artistique et culturelle est désormais fortement encouragée". Audrey Azoulay précise que les artistes ont pour mission de participer à l'EAC, et que c'est à présent inscrit dans le régime de l'intermittence. Quant aux crédits de son ministère consacrés à cette politique, ils ont augmenté "de 12% en 2017, et de 110% depuis le début du quinquennat", calcule Bernard Cazeneuve.
Dans les contrats de ville
Celui-ci souligne aussi "les efforts souscrits depuis cinq ans en faveur de l’éducation artistique et culturelle dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (...). Les crédits qui sont consacrés à cette mission dans les 435 contrats de ville ont augmenté de 30% entre 2012 et 2015." Il évoque également la publication d'un "ensemble de textes de référence", la charte présentée à Avignon en juillet dernier (voir ToutEduc ici) et le référentiel du Parcours d’éducation artistique et culturelle, ainsi que "le succès des opérations conduites au niveau national par les deux ministères compétents" : les journées du 1% artistique, celle des arts à l’école, l’opération "Ecole en choeur", "la fabrique à chansons", "Création en cours". Sur ce nouveau dispositif, Najat Vallaud-Belkacem rappelle qu'il permet à 100 jeunes artistes de mener dans 100 écoles et établissements scolaires, "pour mettre en œuvre, avec une classe d’élèves du cycle 3 (CM1, CM2, 6ème) et leurs enseignants, un projet artistique dans des domaines très divers, arts plastiques et visuels, théâtre, cinéma et vidéo, danse, architecture, littérature, musique, design, photographie, arts numériques, cirque, arts de la rue.
Le Premier ministre souligne que l'EAC "doit donc être portée, non seulement par l’institution scolaire, les élèves et leurs familles, mais aussi par le monde de la culture, les acteurs de l’éducation populaire et les collectivités territoriales (...) qui portent une grande part des projets dans les territoires et adaptent l’action artistique et culturelle afin de permettre à chaque jeune, qu’il habite un village isolé, le coeur d’une ville ou un quartier populaire, de faire l’expérience de la création". Il évoque encore l'importance du rapport de Sandrine Doucet (ici pour les préconisations) pour "cibler précisément les améliorations à apporter" aux dispositifs de l'éducation artistique et culturelle.
"Passer de la gesticulation au geste"
Le comédien Robin Renucci, l'un des nouveaux membres du Haut Conseil, met en évidence la nécessité d'une éducation par l'art qui concerne aussi les enseignants et les formateurs, ainsi que les artistes qui voient cette mission s'ajouter aux leurs. Quant aux élèves, ils doivent, par cette éducation, "passer de la gesticulation au geste". Eléonore Ladreit de Lacharrière, qui représente les fondations et le mécénat, souligne la nécessité d'une évaluation des "initiatives nombreuses" qui "n'arrivent pas se faire voir". Pour Audrey Azoulay, effectivement, "l'entrée des mécènes" invite à penser la question de l'évaluation et pour son homologue de l'Education nationale, c'est effectivement "une question majeure", ne serait-ce que pour "donner à voir à l'opinion publique" le travail accompli sur le terrain.
Najat Vallaud-Belkacem souligne que des élus de tendances politiques différentes "ont été capables de s'entendre" au sein du Haut Conseil, la charte a d'ailleurs été adoptée à l'unanimité, et elle demande qu'on "laisse du temps à cette éducation artistique et culturelle", qu'on n'en réduise pas le financement, mais qu'au contraire, "on amplifie les moyens budgétaires" qui lui sont consacrés.