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Cybercriminalité, les mineurs, les enseignants, les établissements scolaires sont concernés (Police nationale)

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Justice le vendredi 27 janvier 2017.

La prévention du cyberharcèlement, des violences sexuelles, de la consommation et du trafic de stupéfiant sont aujourd'hui des thèmes bien connus des éducateurs, des enseignants, et des policiers ou gendarmes amenés à faire des conférences en milieu scolaire. Ce n'est pas le cas de la cybercriminalité, comme auteurs ou comme victimes, des jeunes, parfois très jeunes, mais aussi des enseignants ou des établissements scolaires. C'est le message qu'a fait passer ce 27 janvier l'OCLCTIC, l'office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication (sous-direction de lutte contre la cybercriminalité - police nationale). Celui-ci est notamment chargé de la plate-forme Pharos de signalement des contenus illicites (ici). 

Premier constat, "les jeunes n'ont pas conscience d'être sur la place publique", et ils peuvent facilement penser qu'ils font juste "une blague". C'est ainsi que le 13 novembre en début d'après midi, un adolescent a annoncé qu'il allait "y avoir une bombe à la gare de Lyon", laquelle a été évacuée. La police a passé la soirée à l'identifier, alors que le stade de France, le Bataclan et plusieurs terrasse étaient attaquées... Quelques semaines plus tard, un autre a prévenu, "j'ai une kalach' et je vais faire un massacre". Là encore, il fallu évacuer un lycée et l'identifier. Le commandant Patrick Mariatte indique que deux avions d'Air-France, en provenance du Pakistan ont dû être détournés et atterrir d'urgence après des alertes à la bombe.

Les auteurs sont passibles de peines de prison. Autre "canular", le swatting, le signalement de faits suspects pour le plaisir de voir arriver toutes sirènes hurlantes des forces de police qui enfoncent la porte et menottent une personne à qui on veut du mal. Des sites permettent de se familiariser avec le vocabulaire des services de secours, pour être plus crédibles. Certains pirate sont très jeunes, un "anonymous" avait 13 ans quand il a été repéré.

Les messages de prévention ne passent plus

Parmi ces mauvaises plaisanteries se glissent aussi des messages plus inquiétants, de jeunes qui sont "prêts à passer à l'action". Au total, ce sont quelque 170 000 signalements par an qui sont traités. En 2015, 26 000 concernaient des appels à la haine, homophobes ou racistes, 31 000 l'apologie du terrorisme.

Second constat, les messages de prévention ne sont pas pris au sérieux. "Ah, ah, ah, c'est pour nous faire peur...". Certains médias ont modifié leur politique de communication. Aux USA, Coby Persin, une star sur YouTube, s'est fait passer pour un adolescent, et a convaincu facilement trois jeunes filles de 13, 12 et 14 ans d'accepter des rendez-vous dans des endroits déserts, d'ouvrir leur porte la nuit "dès que papa se sera endormi" ou de monter dans une voiture. La vidéo (ici) est impressionnante (voir aussi une production anglaise ici).

Les mineurs, porte d'entrée des escrocs

Mais le commissaire Sylvain Brun et son équipe vont plus loin. Un jeune, dont le téléphone portable n'a plus de batterie, emprunte celui de son père et télécharge la nouvelle version d'un jeu qui n'est pas encore sorti dans le commerce. C'est un faux. Il est apparemment innocent, mais contient un petit bout de code qui va ensuite faire rentrer un système plus complexe, capable de prélever l'ensemble des informations contenues dans le smartphone. Les escrocs peuvent ensuite faire chanter ce chef d'entreprise. Ce sont parfois de très jeunes adultes, comme ceux qui, ayant conscience qu'ils n'avaient pas les moyens de récupérer la rançon, se sont adressé à des voyous pour la seconde partie de l'opération. De même, un petit morceau de code va permettre d'utiliser l'appareil photo du téléphone, par exemple quand sa propriétaire est dans sa chambre... On parle là de "sextorsion" (sexe + extorsion).

L'office surveille aussi la fréquentation des sites pédopornographiques, qui attirent des dizaines de milliers d'internautes chaque année. Il est habilité à faire des opérations de pénétration, un policier se faisant passer pour un enfant, ou pour un autre pédophile, afin de les identifier.

Les mises en garde des services de police

Et l'OCLCTIC demande à la presse de faire passer des messages de prévention. Evidemment faire très attention aux traces qu'on laisse sur la toile, y compris avec les messageries type Snapchat. Le message a du mal à passer, même de jeunes policiers ont posté leur photo sur leur page Facebook, tout fiers de leur nouvel uniforme... Cela vaut aussi pour des enseignants dont les élèves ont retrouvé les photos de leur vie privée en les "googlant".

Un établissement scolaire a-t-il conscience d'être, avec son wifi, un "fournisseur d'accès à internet", et donc d'être responsable de ce que peuvent faire les élèves en utilisant son adresse IP ? A-t-il également conscience que les données que recèle son intranet sont extrêmement intéressantes, la liste de ses élèves avec leurs adresses, celle de ses fournisseurs, ses références bancaires... ? Bientôt les jeunes vont se précipiter sur les objets connectés qui sont autant de points d'entrée dans leur univers numérique, et, éventuellement celui de leur entourage.

L'Office a d'excellentes relations avec "jeux vidéos.com", et son espace de "blabla", YouTube, FaceBook... mais si les réseaux sociaux ont les moyens de repérer a priori certaines images pornographiques, ils sont démunis en face des textes. D'autre part, la législation américaine autorise certains messages qui sont prohibés en France. L'OCLCTIC met aussi en garde contre l'utilisation de la plate-forme Pharos pour le signalement des tentatives de suicide. Elle ne fonctionne que de 8h à 19h, et il faut donc appeler le 17 ou le 18...

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