Archives » Recherches et publications

ToutEduc met à la disposition de tous les internautes certains articles récents, les tribunes, et tous les articles publiés depuis plus d'un an...

Education aux médias et à l’information : une nécessité, malgré les apparences (dossier de l'IFE)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le dimanche 22 janvier 2017.

"La surabondance informationnelle du Web et l’idée d’incertitude qui l’accompagne se rapportent sans doute plus à une vision d’adulte, a fortiori d’enseignant ou de professionnel de l’information et de la documentation" qu'à celle des adolescents qui n'ont pas le sentiment d'être "perdu.e.s dans la toile", rapporte Claire Joubaire dans le dernier dossier de "veille et analyses de l'IFE, consacré à l'EMI, "l'éducation aux médias et à l’information", laquelle constitue "un axe fort des nouveaux programmes".

L'auteure propose un historique de cette éducation, telle qu'elle s'est progressivement construite au niveau international. Elle constate d'ailleurs que la formule "éducation aux médias et à l’information" est employée "dans un sens très large, et associée à plusieurs notions" : "maitrise de l’information (information literacy), maitrise documentaire (library literacy), sensibilisation à la liberté d’expression et d’information (freedom on expression and freedom of information literacy), éducation numérique (digital literacy), maitrise de l’informatique (computer literacy), initiation à internet (internet literacy), éducation aux jeux (games literacy), éducation au cinéma (cinema literacy), éducation à la télévision (television literacy), compréhension de l’actualité (news literacy), décodage de la publicité (advertising literacy), et éducation aux médias (media literacy)."

Rôle de l'Ecole et rôle de l'éducation populaire

Elle constate aussi qu'en France, cette éducation aux médias a d'abord été portée "par des pédagogues relevant de la mouvance des nouvelles pédagogies, et conçue comme un enseignement innovant, destiné à faire évoluer le système éducatif traditionnel". L’éducation aux médias par l’écrit "passe depuis le milieu des années 1970 essentiellement par l’étude de la presse d’information" tandis que "l’éducation aux médias par l’image trouve une place importante dans l’éducation populaire, mais rencontre plus de difficultés à être intégrée à l’éducation formelle dans le milieu scolaire". Vient ensuite "la littératie numérique" et la convergence de ces approches, en France et à l’échelle internationale, avec le souci de favoriser "l’autonomie des élèves, et (de les aider) à prendre le contrôle d’outils qu’ils utilisent déjà.".

Or leurs pratiques varient considérablement, au point que l'auteure distingue "quatre niveaux de fractures", le premier concerne "les différences d’accès aux ordinateurs et à internet", le deuxième "les différences d’usage des logiciels selon les groupes sociaux", le troisième, les différences dans l’interprétation des informations reçues et le quatrième "le caractère inégalitaire de la socialisation des pratiques numériques. "Si les lycéens de centre-ville et ceux de lycées professionnels utilisent les uns et les autres le même réseau social, les premiers vont s’y connecter tous les jours, aussi bien pour leurs loisirs que pour leurs études, tandis que ceux des lycées professionnels ne s’y connectent que le vendredi soir, uniquement pour leurs loisirs".

Des pratiques héritées du cadre familial

Et quand ils sont à la recherche d'informations, les élèves "mettent en oeuvre dans leurs pratiques scolaires un répertoire de pratiques construites précocement, en très grande partie en dehors de l’école, et majoritairement au domicile. C’est là encore l’hétérogénéité des pratiques individuelles qui apparait clairement." Autre constat, les élèves préfèrent conduire leurs recherches chez eux, où ils bénéficient "d’une atmosphère sereine et d’un accompagnement bienveillant, qu’ils ne reconnaissent pas dans les pratiques du corps enseignant". Le numérique facilite effectivement l’accès des jeunes à l’information, mais, "malgré l’aisance face aux nouveaux outils technologiques dont semblent témoigner des générations familiarisées avec internet depuis l’enfance", son usage "ne peut être intuitif", il doit toujours faire "l’objet d’un apprentissage", sauf à "dissimuler les inégalités multiples qui existent, de fait, entre eux".

Claire Joubaire ajoute : "C’est un enseignement qui part de leurs pratiques réelles, (...) qui peut permettre aux enseignant.e.s de proposer un accompagnement qui les rende capables de connaitre et de mettre en oeuvre une palette de pratiques médiatiques et informationnelles plus diversifiée que celle dont ils ont nécessairement hérité dans le cadre familial."

Le dossier de veille de l'IFÉ, n°115 "EMI : partir des pratiques des élèves" est téléchargeable ici

 

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →