Des parents français peu permissifs (étude dans cinq pays)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le mardi 17 janvier 2017.
En termes d’éducation familiale, la France présente les mêmes réflexes conservateurs que le Mexique : c'est le constat d’une recherche menée auprès de 1751 élèves du secondaire, âgés de 12 à 15 ans, dans cinq pays - Canada (Québec), États-Unis, Mexique, France et Italie, rapportée par le journal Le Devoir le 16 janvier.
Michel Claes, chercheur en psychologie à l’université de Montréal et responsable de cette étude, témoigne : "J’ai trouvé peu de différences entre les Français et les Mexicains. Ce sont deux sociétés traditionalistes. Les parents sont coercitifs et n’hésitent pas à recourir à la gifle ou à la bousculade, même si ces pratiques sont relativement rares. Mais les châtiments corporels ne sont pas tolérés au Québec et aux États-Unis." En matière de comportements déviants (vol, violence...), les jeunes Français se situent dans la moyenne (avec les Québécois et les Italiens), entre les Américains "les plus délinquants", et les Mexicains "les plus obéissants aux règles".
France : une "distance émotionnelle"
Cette recherche s’appuie notamment sur les affirmations des adolescents et de leurs parents au sujet de différents éléments du quotidien : heures de sortie, couvre-feu, participation aux tâches domestiques, choix des vêtements ou des activités parascolaires, règles d’utilisation des ordinateurs ou des téléphones…
Il ressort donc qu'en France et au Mexique, les règles imposées par les parents s'avèrent plus strictes que dans les autres pays étudiés. Intrigués par ce résultat, les chercheurs évoquent une certaine "distance émotionnelle" dans les familles françaises liée au respect de l’autorité et des règles sociales. Ils font le lien avec une autre étude qui montrait que parmi 32 pays, c'est en France que la qualité des relations entre les adolescents et leurs parents s’est le plus détériorée ces dix dernières années.
Québec et États-Unis : une tendance à la négociation
À l’inverse, au Québec et aux États-Unis, les parents sont plus permissifs et ont tendance à négocier avec leurs enfants en cas de non-respect des règles. Conséquence selon l’étude : un climat familial plus propice au dialogue et des enfants moins déprimés qu’ailleurs.
Néanmoins, les pays étudiés se rejoignent sur plusieurs points. Ainsi, les parents se sentent toujours plus proches de leurs enfants que les adolescents ne le déclarent eux-mêmes. De plus, ils affirment être plus exigeants et plus sévères en cas de non-respect des règles que leurs enfants ne le disent. Enfin, "par rapport au père, la mère est toujours considérée comme plus proche sur le plan affectif. C’est également la mère qui est considérée comme plus exigeante que le père, et les conflits sont plus fréquents avec elle."
L’article du Devoir est consultable ici et l’étude ici
Diane Galbaud