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Garantie jeunes : un "dispositif exigeant" qui demande du temps et des ressources (CEE)

Paru dans Orientation le dimanche 15 janvier 2017.

"Sans le temps et les ressources nécessaires à un déploiement optimal d’un dispositif exigeant, la Garantie jeunes s’exposerait au risque d’un service a minima qui ferait perdre de vue les nombreux avantages qu’elle présente pour les jeunes", estime le CEE (Centre d'étude de l'emploi) au terme de deux études qualitatives effectuées par le cabinet Orseu et l’université Paris XIII.

Rappelons que la garantie jeunes est ouverte aux jeunes de 16 à 25 ans qui ne sont ni en cycle d’études, ni en emploi, ni en formation, ceux qu'on appelle les NEET (Not in Education, Employment or Training). "Une partie importante d’entre eux est sortie du système scolaire sans diplôme. Une autre partie est titulaire d’un CAP ou d’un BEP." Beaucoup connaissent une "accumulation de difficultés", qui sont à la fois scolaires, économiques et familiales, ce qui entraîne "de nombreuses prises en charge par des institutions, telles que les services de protection de l’enfance, les hôpitaux psychiatriques et la justice pénale".

Trois parcours types

Elle a pour but "d’amener les jeunes en situation de grande précarité vers l’autonomie par l’organisation d’un parcours d’accompagnement global, social et professionnel, vers et dans l’emploi ou la formation". Elle comporte deux volets, "un accompagnement collectif et individuel" assuré par les missions locales, comme dans d'autres pays de l’Union européenne. Le second volet "consiste en une allocation monétaire d’un montant mensuel de 461 euros en 2016", qui "n’existe sous cette forme dans aucun des autres dispositifs européens de Garantie pour la jeunesse".

En ce qui concerne les effets du dispositif, "ils sont multiples et à nuancer selon les situations". Les chercheurs distinguent "trois parcours types". Le premier aboutit à une insertion dans l’emploi précaire de jeunes un peu plus diplômés et plus mobiles que les autres. Ils ont repris confiance en eux "en travaillant sur leur avenir professionnel et en rendant leurs recherches d’emploi plus efficaces". Le second permet une "préparation sociale à l’emploi" de jeunes qui manquent d'expérience professionnelle. "Certains d’entre eux enchaînent plusieurs missions d’intérim de très courte durée, sans réussir toutefois à créer de dynamique. Pour d’autres, les expériences de travail se résument à une succession de stages. Enfin, certains intègrent des formations."

Des jeunes pris dans des urgences vitales

Mais le troisième parcours-type est celui de jeunes "empêchés", dont la situation sociale et professionnelle "n’évolue pas entre leur entrée et leur sortie de la Garantie jeunes. Elle se dégrade même sous l’effet du temps qui passe." Ils ne sont pas "disponibles" pour s’engager "dans une démarche de recherche d’emploi, alors qu’ils ont à gérer des urgences vitales".

Le dispositif "semble relativement efficace pour les jeunes des deux premiers groupes" et pour tous, "l’allocation permet de faire face aux charges quotidiennes, aux dettes passées", voire "d’envisager l’avenir (permis de conduire, logement…)", mais "l’argent ne suffit pas à réhabiliter les plus démunis".

L'accompagnement collectif "a cristallisé les inquiétudes lors du démarrage du dispositif"

La seconde étude porte sur la réception du dispositif par les missions locales. La difficulté a moins été de "repérer" ces jeunes que de parvenir à les "accrocher". Or, "bien souvent, ce sont des jeunes très éloignés des institutions" au point que certains "sont dans une démarche volontaire de se mettre en retrait de tout accompagnement". Dans ce contexte, "l’entretien individuel ne permet pas de réaliser le même diagnostic et le même suivi" de ces jeunes pour qui le suivi collectif produit "des effets positifs" en termes "de redynamisation, de restauration de la confiance en soi et de rupture d’isolement". "L’injonction à réaliser de l’accompagnement collectif a cristallisé les inquiétudes lors du démarrage du dispositif" avant de donner satisfaction.

Si la mise en oeuvre de la garantie jeunes a permis aux missions locales d'avoir une meilleure connaissance des Neets "et de leurs vulnérabilités multiples", elle ne leur a pas permis, du moins jusqu'à présent, d'inventer "un nouveau modèle d’accompagnement impliquant davantage les entreprises".

Les deux études sont téléchargeables ici et ici.

 

 

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