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L’Ecole est le lieu du faire ensemble et l’enseignant doit être dans la posture du coach (D. Delignières)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le dimanche 15 janvier 2017.

Interrogé par "Le Nouvel Educateur", revue de l’Icem-pédagogie Freinet (ici), Didier Delignières, président de la Conférence des directeurs et doyens de STAPS ( sciences et techniques des activités physiques et sportives ) et présenté comme l’un des théoriciens de l’éducation physique et sportive (EPS) en France , précise que, même s’il apprécie qu’elle ait été ajoutée à la définition des finalités de l’EPS dans les récents programmes, il n’aime pas beaucoup l’expression "le vivre ensemble" appliquée à l’Ecole. Pour lui, l’Ecole devrait surtout être le lieu du "faire ensemble". L’idée n’est pas que les élèves cohabitent, mais qu’ils soient capables de coopérer, de s’accepter mutuellement dans une collaboration efficace. Didier Delignières considère que l’apprentissage fondamental est sans doute l’expérience de l’hétérogénéité et le dépassement des blocages qu’elle peut engendrer. Être capable de coopérer avec l’autre, au-delà des différences de sexe, d’orientation sexuelle, de couleur de peau, de morphologie, d’origine socio-économique, de nationalité ou de religion : "l’apprentissage fondamental est sans doute une indifférence aux différences" car l’EPS a la particularité de ne pas se limiter à une coopération cognitive, mais d’engager les corps, de les mettre en contact.

Par ailleurs, l’interviewé considère que, de plus en plus, l’éducation physique se positionne clairement dans l’espace de la formation de la personne et du citoyen. Et que l’enseignant n’apparaît plus nécessairement comme le dépositaire d’un savoir identifié qu’il va transmettre à l’élève. Ce dernier va devoir construire une capacité singulière, c’est-à-dire propre à chacun, à régir des situations complexes et incertaines. Dans cette optique, estime-t-il, l’enseignant a surtout un rôle d’accompagnateur, de guide, de compagnonnage, d’assistance, de conseil ou encore, reprenant un terme plus actuel, de coach. Son rôle est d’accompagner la personne dans un parcours de vie, en fonction d’objectifs déterminés : les évolutions récentes des finalités de l’Ecole tendent à orienter les missions de l’enseignant dans ce sens.

Pour Didier Delignières, l’Ecole doit enseigner des compétences. La compétence, c’est ce qui permet en effet d’agir. La pédagogie des compétences s’oppose à une autre forme de pédagogie, fondée sur l’acquisition séparée de savoirs. La pédagogie des compétences, elle, part du principe que les situations de vie sont avant tout gérées en mettant en relation les savoirs, mais aussi des valeurs, du jugement. L’Ecole doit surtout entraîner l’élève à faire fonctionner ses savoirs en synergie, à les pondérer, notamment par de l’éthique. Selon ce théoricien de l’éducation physique et sportive, la posture du coach semble la plus adaptée à cette pédagogie des compétences.

De l’effort et de l’application

Mais, pour lui, il n'est en aucun cas question de minorer l’importance des savoirs et, quoi qu’en dise le bon sens commun, on n’apprend pas en s’amusant. L’apprentissage demande de l’effort et de l’application. Et c’est en apprenant que l’élève construit une relation de plaisir au savoir. A la notion de plaisir, il préfère le concept de passion, qui lui semble beaucoup plus rigoureux : la passion de la littérature, des arts, des sciences, des activités physiques, sportives et artistiques.

Cependant, ce questionnement du plaisir d’apprendre ne peut conduire à regarder l’élève comme un simple apprenant. C’est une personne qui doit être prise en compte dans sa globalité et sa complexité, son histoire et ses aspirations. Ce qui pose le problème de la dimension affective : doit-on aimer ses élèves ? Débat rarement ouvert, objet de tabous et fantasmes divers, même si beaucoup reconnaissent que des relations affectives positives jouent un rôle essentiel dans la réussite scolaire. Didier Delignières évoque "la bonne distance" que serait une attitude de "bienveillance inconditionnelle". Cette attitude trouverait parfaitement place dans l’éducation physique et sportive qu’il propose pour l’école primaire : une pédagogie du projet collectif, une pédagogie du - une nouvelle fois -, "faire ensemble", avec des élèves qui s’entraident et coopèrent.

Arnold Bac

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