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"La migration des mineurs apparaît comme une version ‘pour enfant’ de celle des adultes" (thèse)

Paru dans Périscolaire, Justice le vendredi 13 janvier 2017.

Quel est l’itinéraire de vie des migrants mineurs isolés ? C’est la question explorée par Sarah Przybyl, dans une thèse en géographie soutenue à l’université de Poitiers le 12 décembre. Elle constate que dans le contexte français, "les orientations politiques dans la gestion de leur accueil prennent un tournant de plus en plus sécuritaire". "Dès lors, la permanence de la figure du mineur vulnérable est justifiée par la nécessité de rappeler leur droit à la protection", souligne la chercheuse.

Cette démarche contribue à les maintenir "au second plan de dynamiques dont ils sont pourtant les premiers acteurs". Ainsi, leur famille est souvent jugée coupable d’avoir mis ces jeunes sur les routes migratoires. Et ils sont souvent rapprochés des grandes catégories opérantes pour les adultes (demandeur d’asile, réfugié, migrant économique, etc.).

Des mineurs tributaires des adultes

"La migration des mineurs apparaît comme une version ‘pour enfant’ de celle des adultes", résume Sarah Przybyl. Il est vrai qu’ils restent tributaires de certains adultes qui ont pour mission officielle, ou plus officieuse, de conduire leur parcours : "Passeurs, membres de la famille, connaissances, rencontres fortuites, etc. sont autant de relais dont les mineurs ont dû dépendre au cours de leur voyage."

En France aussi, tout au long de leur prise en charge, ils restent dépendants d’adultes responsables. Ainsi, les services départementaux de protection, le juge des enfants, les professionnels des foyers ou des associations ont pour mission de les représenter. Leur itinéraire de vie est donc "déjà orienté par des impératifs administratifs et institutionnels". Or, "cette subordination contraste avec l’envie des mineurs de changer par eux-mêmes le cours de leur destin", observe la chercheuse

La majorité, un nouveau territoire inconnu 

Néanmoins, au cours de leur voyage, certains "bricolent" pour progresser dans leur itinéraire. "À Tanger, les mineurs rencontrés ont attesté de toute leur capacité à s’approprier la frontière pour en faire un espace de vie grâce à la construction de relations sociales et le détournement de certains lieux", note par exemple Sarah Przybyl.

Par la suite, l’horizon de la majorité apparaît comme "un nouveau territoire inconnu". Toutefois, devant assurer les conditions de leur séjour à leurs 18 ans, les mineurs isolés étrangers "n’ont pas tout à fait l’opportunité de réaliser leurs ambitions". Aux yeux de la chercheuse, "l’impératif de réussite et de discrétion s’inculque au sein des foyers de l’enfance". Paradoxalement, alors qu’ils doivent intégrer les normes sociales et culturelles en vue de leurs 18 ans, "tout ce qu’ils vivent n’a finalement rien de normal".

La thèse de Sarah Przybyl est consultable ici

Diane Galbaud

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