Le bilan "nuancé" de la réforme de la voie technologique (rapport)
Paru dans Scolaire, Orientation le mardi 10 janvier 2017.
La rénovation de la voie technologique engagée en 2010 avait "une double ambition, enrayer la chute des effectifs dans les séries industrielles et mieux préparer les élèves à la poursuite d’études dans l’enseignement supérieur". Mais les deux inspections générales de l'Education nationale estiment, dans un rapport qui vient d'être mis en ligne, que le bilan est "nuancé", notamment en matière d’effectifs, puisque "le poids de la voie technologique ne cesse de diminuer dans le second degré ; elle ne bénéficie pas de l’augmentation globale de la population scolaire et souffre de l’attractivité des séries S et ES et de l’élargissement de l’accès au baccalauréat des élèves de la voie professionnelle."
Les inspecteurs ont pourtant des motifs de satisfaction : "Les résultats au baccalauréat sont en nette amélioration (...) Sur le plan pédagogique, la démarche technologique est réaffirmée." Les auteurs évoquent un décloisonnement du champ des disciplines "pour favoriser un enseignement plus transversal qui privilégie la démarche de projet". Ils rappellent la création de la série STD2A (sciences et technologies du design et des arts appliqués), la rénovation de la série STL (sciences et technologies de laboratoire) et "la véritable transformation" de la série STI2D (sciences et technologies de l’industrie et du développement durable". En ce qui concerne cette dernière, ils se souviennent des "réticences fortes" que sa réforme a suscitées, ils ajoutent que "des problèmes demeurent quant aux acquis réels des élèves dans les fondamentaux des disciplines scientifiques, voire dans les compétences technologiques", mais ils considèrent que "la communauté éducative semble aujourd’hui acquise à ce changement de paradigme". En revanche, l’accompagnement personnalisé "ne répond pas aux aspirations des élèves qui expriment un besoin fort d’accompagnement individualisé". La série STMG (sciences et technologies du management et de la gestion), continue de souffrir "d’un très lourd déficit d’image", malgré "la satisfaction d’ensemble manifestée par une large majorité des élèves entendus". En ce qui concerne la série ST2S (sciences et technologies de la santé et du social), son attrait "ne se dément pas, même si son champ de poursuites d’études se heurte à la concurrence des bacheliers généraux et à des besoins de préparation aux concours sanitaires et sociaux mal satisfaits".
Articuler enseignements généraux et technologiques
Le rapport attire d'ailleurs l'attention sur les "résultats inquiétants" des bacheliers de la voie technologique en licence avec "un taux de réussite en première année (passage en deuxième année), toutes séries confondues, de 13,8 % en licence" contre près de 60 % dans les IUT, ceux-ci n'accueillant que 30 % de ces élèves désireux de poursuivre leurs études.
La mission préconise notamment de "revoir les contenus des programmes des matières générales pour les articuler plus étroitement avec ceux des enseignements technologiques", de "former davantage les enseignants à une approche collaborative de leurs enseignements" et de "développer la co-intervention impliquant les disciplines technologique et générale dans les projets pluridisciplinaires". En matière d'orientation, elle préconise d' "encourager, dans le cadre du 'parcours Avenir' au collège, l’intervention d’enseignants de la voie technologique pour présenter les secteurs d’activité et métiers s’y référant, afin d'améliorer et de renforcer la liaison entre les équipes pédagogiques des collèges et celles des lycées", mais aussi de dialoguer davantage "avec les régions pour mieux prendre en compte les formations technologiques dans le travail prospectif sur l’évolution des métiers et des qualifications".
Une pénurie émergente d'enseignants
"Pour faire face à la pénurie émergente d’enseignants dans différentes spécialités, il faudrait favoriser les dispositifs de formation et de carrière" avec la prise en compte de l’expérience professionnelle "pour le recrutement, et l’intégration dans le corps des enseignants agrégés, des cadres expérimentés de l’industrie et des services". Il faudrait aussi "mieux équilibrer les flux d’entrants en licence, en IUT et en STS", ce qui suppose "une augmentation des capacités d’accueil en IUT", mais aussi de "créer des parcours de licence adaptés aux bacheliers technologiques". Il faudrait encore "améliorer les conditions de préparation aux concours d’entrée dans les écoles du secteur sanitaire et social".
Le rapport "Le bilan de la réforme de la voie technologique" est téléchargeable ici