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Expériences racistes et discriminatoires pendant la scolarité : quelles conséquences ? (étude)

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le vendredi 16 décembre 2016.

Les expériences racistes et discriminatoires ne résultent pas des mêmes situations, ne suscitent pas les mêmes réactions et n’ont pas les mêmes conséquences : c’est ce que montre Élodie Druez, doctorante en science politique, en s’appuyant sur des données statistiques et une enquête qualitative sur la trajectoire scolaire de diplômés et étudiants d’origine subsaharienne, dans une étude publiée dans le dernier numéro de la revue Terrains & travaux (ENS Cachan, n° 29, 2016-37).

Ainsi, l’expérience de la discrimination serait corrélée au fait d’avoir des notes moyennes et à une relativement faible mixité au sein de l’établissement scolaire. Elle suscite un fort sentiment d’injustice et une volonté de résistance au système. "J’avais à peu près 12/13 de moyenne générale et à la fin de l’année, on m’a proposé de faire un BEP. Je sais pertinemment que je n’avais rien à faire dans un BEP", explique ainsi une étudiante d’origine sénégalaise, qui a finalement été réorientée en première ES après sa seconde et est aujourd’hui en alternance dans une école de commerce.

Une orientation moins favorable

"Ce récit rejoint les résultats de travaux révélant qu’à niveau scolaire équivalent, les enseignants tendent à proposer une orientation moins favorable aux élèves issus de milieux défavorisés – et notamment immigrés – pensant que ces élèves seront moins suivis par leur famille et auront ainsi plus de difficultés à poursuivre leurs études", souligne Élodie Druez.

Le racisme, lui, "survient pour ceux qui, relativement protégés de la discrimination à l’école par leurs résultats, ont néanmoins été confrontés à des milieux 'blancs', notamment en intégrant des établissements privilégiés". Élodie Druez constate : "répété et insidieux, il déstabilise et fragilise l’estime de soi, quoique les enquêtés tentent d’en minimiser les conséquences."

"Je me demande si j’ai ma place"

Issu d’un milieu défavorisé, un jeune ingénieur qui a grandi dans le 15e arrondissement de Paris (et a ainsi fréquenté, dès l’école primaire, des établissements privilégiés) témoigne : "On se sent spécial d’un côté, mais de l’autre côté, je me demande si j’ai ma place". Nina, brillante élève d’origine béninoise diplômée d’une prestigieuse école de commerce, relate quant à elle : "Au moment où on devait faire les choix, je me suis rendue compte que beaucoup d’élèves défavorisés s’orientaient vers des voies professionnelles et que dans la tête des autres élèves, j’étais censée y aller aussi parce que physiquement j’étais plus proche de la description des autres que de la leur."

Ce sentiment de malaise peut parfois avoir des conséquences : Élodie Druez cite l’exemple de ce jeune qui a finalement choisi de changer d’établissement après sa seconde et de s’orienter vers un baccalauréat professionnel. Autre observation, une origine sociale privilégiée ou le fait de connaître une mobilité sociale contribuent à prendre conscience et à identifier la discrimination. Quant à l’imbrication entre origine sociale et ethnique, elle s’avère "particulièrement visible dans l’expérience du racisme et semble venir renforcer le sentiment de distance sociale qu’éprouvent les enquêtés issus de quartiers populaires lors de leur arrivée dans de bons établissements".

L’étude est consultable ici (accès payant)

Diane Galbaud

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