La FSU prête "à discuter de tout" alors que les Français considèrent que notre système scolaire fonctionne mal (sondage)
Paru dans Scolaire, Orientation le mercredi 07 décembre 2016.
"Nous sommes ouverts pour discuter de tout", déclare Bernadette Groison en clôture du "Colloque Éducation" que la FSU a organisé les 6 et 7 décembre. Avec elle, la FSU affirme que "tous les jeunes sont capables de réussir": "Contrairement à ce qu'affirment certains, disant que les jeunes ne sont pas faits pour l’École, nous pouvons nous dire que c'est peut-être l’École qui ne sait pas assez bien faire avec ces jeunes." Et la secrétaire générale de rappeler que la fédération propose une extension de la scolarité obligatoire jusqu'à 18 ans pour laisser du temps aux apprentissages et à l'orientation, mais "dans un schéma de scolarité différent de celui d'aujourd'hui".
La FSU ajoute que "l’École doit lutter davantage contre les inégalités" et "centrer les efforts sur les conditions de scolarisation", y compris les effectifs, sur la pédagogie, sur ce qui est et doit être enseigné, sur la formation initiale et continue des enseignants et de tous les personnels, sur le développement de la recherche. "Il faut également définir des politiques interministérielles (santé, sport, culture, logement…) permettant d'enrayer les inégalités dans les territoires" et doter le dispositif REP "des moyens nécessaires". Il faut aussi, estime la responsable syndicale, "mieux travailler avec les familles". Quant à l'Etat, il doit "poursuivre les efforts budgétaires engagés", mais aussi être "ouvert" pour discuter avec les représentants des personnels, ce qui n'a pas été toujours le cas : "certaines contestations (rythmes scolaires ou collège) n'ont malheureusement pas été entendues. C'est une erreur lourde de conséquences."
Notre système scolaire fonctionne mal (sondage)
La FSU s'appuie sur un sondage Harris interactive. Trois sur quatre (77 %) des personnes interrogées considèrent que notre système scolaire fonctionne mal (un pourcentage qui monte à 83 % chez les sympathisants de droite et à 86 % chez les plus âgés). Ils ne sont que 11 % à penser qu'il fonctionne mieux qu'il y a 10 ans, et 67 % à penser qu'il fonctionne moins bien. Ils dénoncent la baisse du niveau, le manque de moyens, "trop de réformes". Pour deux Français sur trois, les enseignants sont mal formés.
Lorsqu'on leur demande quels sont les objectifs qui doivent être assignés à l'Ecole, "Donner à tous les élèves les mêmes chances de réussite" vient en tête. Suivent "Apprendre aux élèves des connaissances et savoirs précis" et "Apprendre aux élèves des valeurs morales", puis l'acquisition de méthodes de travail et la préparation professionnelle. "S'épanouir pour devenir des adultes heureux" et "S’émanciper de leur milieu d’origine pour devenir des adultes indépendants" sont les deux items qui recueillent le moins l'adhésion des personnes interrogées. "Les sympathisants de Gauche mettent davantage l’accent sur l’égalité des chances et l’épanouissement individuel", les sympathisants de Droite "insistent plus sur la transmission des connaissances, des méthodes et des valeurs de la République"
"Le respect de l’autorité"
Les valeurs à privilégier sont d'abord "le respect de l’autorité" et la discipline, devant la tolérance, "le sens de l’effort", la solidarité, l’autonomie ou l'esprit critique, mais toutes obtiennent plus de 87 % d'adhésion. C'est pourtant "le respect de l'autorité" qui est la valeur la moins bien mise en œuvre dans le système éducatif (c'est ce que pense 77 % des personnes interrogées) tandis que la laïcité n'est mal mise en œuvre que pour 52 % du panel. Toutefois, les personnes qui ont un enfant scolarisé sont moins sévères que les autres. Il était aussi demandé ce que signifie la réussite scolaire. "Qu’il puisse suivre l’orientation scolaire et professionnelle qu’il souhaite" vient en tête, suivi de "Qu’il trouve facilement un emploi à l’issue de ses études".
Seuls 21 % des Français considèrent que le système scolaire "offre les mêmes chances de réussite à tous les élèves" et ils sont 57 % à considérer qu'il accentue les inégalités sociales. Ils sont davantage partagés sur les solutions, une courte majorité (53 %) pense qu'il faut "adapter davantage" les enseignements aux capacités et aux envies des élèves, 46 % considérant qu'il faut "promouvoir davantage un socle commun". Mais il faut d'abord "réduire le nombre d’élèves dans chaque classe" et "promouvoir l’apprentissage", et "davantage aider les élèves dans le cadre de leur orientation". L'item le moins souvent retenu, "augmenter le nombre d’enseignants et personnels éducatifs" recueille quand même 75 % des suffrages.
"Faciliter les expérimentations pédagogiques"
Il faut aussi mieux former les enseignants, lutter contre les discriminations, "faciliter les expérimentations pédagogiques"... En revanche, alléger les programmes n'est considéré comme une mesure susceptible d'être efficace que par moins de la moitié des personnes interrogées.