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Migrants : le décrochage des enfants (société de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent), la mobilisation de l'Education nationale

Paru dans Scolaire, Culture, Orientation le vendredi 25 novembre 2016.

Les enseignants, lorsqu'ils sont au fait des questions de pluralité culturelle sont "des passeurs de frontières" alors qu’il y a "une difficulté française à concevoir la pluralité des affiliations", estime Adeline Sarot. Cette psychologue spécialisée en transculturel (Maison de Solenn, Paris) intervenait lors de de la journée de la Société française de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent sur le décrochage scolaire, vendredi 19 novembre. Elle note que les enfants migrants sont deux fois plus à risque si on considère les difficultés de lecture à l'entrée en 6ème. Elle a conduit sa recherche à partir de 23 adolescents (8 filles et 15 garçons) âgés de 15 à 19 ans, en situation d'illettrisme, tous  nés en France, 21 enfants de migrants et 2 autochtones  et entrant en lycée professionnel. Elle a également rencontré 12 mères, 4 pères et 24 enseignants, et elle évoque une grande diversité chez ces jeunes, "tantôt déprimés, tantôt agités".

Du côté des pères, elle note une colère sourde à l’endroit d’un monde scolaire rappelant "le monde colonial". Elle estime que "le processus de métissage n’a pas été suffisamment élaboré" ; elle remarque chez ces parents "une survalorisation des livres scolaires" qui peut "s’apparenter à une identification à l’agresseur". La fonction parentale a été mise à mal  dans la migration avec la mise en concurrence des savoirs. Du côté des enfants, elle fait l'hypothèse qu'ils "se protégeraient de la souffrance de leurs parents" et développeraient "une stratégie de résistance face à une école vécue comme coloniale". Elle parle d' "un sentiment d’insécurité, un sentiment d’illégitimité dans le cadre scolaire, un désengagement scolaire défensif". Leur plus mauvais souvenir : l’exclusion d’un cours ou un redoublement. Mais ils sont prêts à "changer leur ‘fainéantise’ et leur ‘absentéisme’ grâce à une orientation choisie…" Cela passe parfois par des ruses : Eva fait en sorte d’obtenir de mauvaises notes car elle aimerait faire ... de la pâtisserie.

Pour les enseignants qui issus eux-mêmes de l’immigration, elle perçoit que dans leur rôle, ils "sont suffisamment bons et authentiques" et assument leurs origines ce qui leur permet de jouer un rôle de médiateurs culturels.

A noter que Najat Vallaud-Belkacem "a annoncé le lancement du plan de mobilisation partenariale de réseaux et de ressources pour l’accompagnement linguistique des publics migrants" alors que "l’Europe fait face à une crise migratoire parmi les plus importantes de son histoire". Ellle implique "les associations partenaires du ministère, les ONG, les réseaux humanitaires et de solidarité impliqués dans l’accueil et l’accompagnement de ces personnes, ainsi que des réservistes citoyens de l’éducation nationale". ToutEduc a pu constater que les réservistes citoyens de l'Education nationale qui ont exercé ou exercent "une activité d'enseignant, de formateur ou d'éducateur", ont été invités, par mail, "à participer à cette mobilisation" et à former des bénévoles.

 

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