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"Les instances de concertation sont d’autant plus efficaces qu’elles sont en nombre limité" (inspections générales)

Paru dans Scolaire le lundi 21 novembre 2016.

Alors que les syndicats de l'enseignement public déplorent le manque de temps et que ceux du privé dénoncent le manque d'instances de concertation, les deux inspections générales voient l’établissement "comme un monde réel de concertation", très loin des polémiques et "des affrontements stériles entraînant immobilisme et conservatisme" à "d’autres niveaux du système éducatif". Dans un rapport qui vient d'être publié, elles évoquent par exemple la relation entre chefs d’établissement et enseignants. Le premier est souvent décrit "comme source d’autoritarisme et surtout comme vecteur d’inégalité entre établissements et donc entre élèves", mais dans les collèges et lycées où les auteurs se sont rendus, "le chef d’établissement est considéré comme un chef d’orchestre nécessaire et en général apprécié". Ils ajoutent toutefois : "dans la mesure où il se montre à l’écoute des équipes" !

Les auteurs précisent que "ce ne sont pas les réformes en cours (...) qui créent ce besoin de concertation" puisque celle-ci est "un élément consubstantiel au fonctionnement de l’établissement" et que donc les réformes (...) peuvent s’appuyer sur un terreau de pratiques très ancrées". Certes, "les débats peuvent être vifs" et les réformes contestées, mais "plus que tout, est présente la conscience qu'il faudra accueillir et faire réussir les élèves".

Des formes informelles

La mission rappelle que "les prescriptions relatives au travail en équipe des enseignants se sont multipliées depuis la fin des années 1980", sans réellement normer la concertation. D'ailleurs, "les enseignants sont attachés à leur liberté pédagogique" et ils estiment nécessaire de travailler ensemble, mais "selon des modalités dont ils apprécient mal qu’elles leur soient imposées"; ils disent "se concerter souvent, sous des formes variées, majoritairement informelles". En ce qui concerne les outils numériques, "les enseignants utilisent majoritairement le mail, mais très peu les possibilités offertes par les outils de travail collaboratif, comme par exemple Viaéduc."

Beaucoup se plaignent de l’absence de prise en compte des temps de concertation dans leurs obligations de service, parce qu'ils ignorent qu'elles y sont à présent, statutairement, intégrées. Ils considèrent pourtant normal de consacrer du temps à des "moments d’échange qui constituent le prolongement normal de leur activité", mais "la multiplication des réunions (...) les interroge fortement". Les auteurs ajoutent qu' "un trop grand nombre d'instances constitue un obstacle à la concertation".

"Les enseignants sont prêts à se rencontrer lorsque c’est nécessaire et à faire des efforts en conséquence" lorsqu'ils se sentent concernés. "En revanche, les réunions purement formelles, institutionnelles ou non, 'où rien ne se décide', 'où tout est écrit d’avance', sont considérées comme du temps perdu".

Trouver des relais parmi les enseignants, les élèves, les parents

La mission ajoute que le numérique "peut faciliter ou, au contraire, entraver la communication" et elle préconise, pour les équipes de direction, de "s’appuyer sur un réseau de professeurs relais", sur "les délégués des élèves, les représentants des parents, les professeurs principaux, les coordonnateurs de niveaux, les administrateurs réseau, etc." Elle note que, dans le privé, "le choix fait de confier à des enseignants une fonction d’adjoint ou de référent au sein de l’équipe de direction contribue manifestement à faciliter la concertation" et à l'adoption d'une "culture d’encadrement". Mais globalement, la mission n’a pas trouvé "de différence sensible" entre privé et public s’agissant de la façon dont la concertation s’organise au sein des équipes enseignantes. "Tant dans le public que dans le privé, les enseignants ont le sentiment de participer réellement au bon fonctionnement de l’établissement."

En ce qui concerne le conseil pédagogique, sa forme varie d'un établissement à l'autre, "d’une instance ouverte à tous" à un conseil resserré où siègent "les personnes désignées, dans le meilleur des cas, après cooptation". La mission préconise qu'il réunisse "les coordonnateurs de discipline reconnus par leurs pairs et les référents". À côté des instances officielles, les établissements développent volontiers des "cellules de veille" où sont évoquées "les situations des élèves en difficulté, notamment de ceux qui présentent un risque de décrochage". En revanche, "dans la plupart des établissements visités, le projet d’établissement est perçu comme un vague document de référence" dénué de "rôle structurant et mobilisateur".

Le conseil de la vie lycéenne intéresse... "les seuls élèves qui en sont membres"

La mission s'est aussi intéressée aux élèves et elle forme "l’hypothèse que le conseil de la vie lycéenne est un véritable lieu de concertation par et pour les seuls élèves qui en sont membres" tandis que "le rayonnement de l’instance reste faible auprès de ceux qui n’en sont pas membres". En fait, "la concertation entre lycéens s’organise directement et de manière très rapide, par le biais de Facebook". Le rapport préconise "un rapprochement plus étroit entre délégués au conseil de vie lycéenne et délégués de classe" et constate que "disposer d’un lieu comme la maison des lycéens ou d’un foyer facilite manifestement la concertation entre les délégués des élèves et les autres élèves".

Pour ce qui est des parents, "en général, les relations sont bonnes entre les délégués de parents et l’équipe de direction, parfois plus difficiles avec certains enseignants" et certains parents "ont le sentiment d’avoir peu de prise réelle sur la vie de l’établissement, cette impression étant nettement plus prégnante dans les établissements d’enseignement publics que dans les établissements privés".

Un tableau "bien trop idyllique"

La FEP-CFDT a déjà réagi à ce rapport. Pour la fédération de l'enseignement privé, le tableau est "bien trop idyllique (...) La réalité, c’est la pauvreté de la culture de concertation dans le privé (et pas seulement catholique)". Elle ajoute qu'elle est "régulièrement informée de salariés mis en souffrance par abus de pouvoir du chef d'établissement" et "ne peut taire cette réalité douloureuse et inacceptable".

Le rapport "Les mécanismes de concertation dans les établissements publics et privés sous contrat" est téléchargeable ici

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