Numérique, ProFan, propositions de la droite, stage de 3ème : Najat Vallaud-Belkacem répond aux questions de ToutEduc
Paru dans Scolaire, Orientation le vendredi 18 novembre 2016.
Najat Vallaud-Belkacem inaugurait ce 18 novembre, le Salon européen de l'éducation. ToutEduc a pu l'interroger en exclusivité sur la question du numérique. Par ailleurs, lors d'un "point presse" improvisé, elle a répondu aux questions de ToutEduc et de nos confrères. Enfin, elle a signé une convention avec le monde associatif et l'économie sociale et solidaire au sujet des stages des élèves de 3ème.
ToutEduc : Votre intervention, lors de la conférence OCDE-Ligue de l'enseignement (voir ToutEduc ici) doit-elle être comprise comme une réorientation du plan pour le numérique ?
Najat Vallaud-Belkacem : Vous avez pu avoir cette impression, mais non, il n'y a pas de réorientation. Au début, nous avons mis l'accent sur le "hardware" et sur l'acquisition des compétences en termes de codage, de programmation, d'algorithmique. Tout cela a été mis en place avec le plan pour le numérique et les nouveaux programmes. Maintenant, nous sommes amenés à mettre l'accent sur "le reste", c'est à dire le numérique au service des apprentissages, y compris en ce qui concerne la langue française, l'accès aux humanités. Nous mettons aussi davantage l'accent sur les civilités numériques, le fait qu'on doive se comporter sur la toile comme un citoyen dans la vie réelle. C'est ce qui a pu vous donner le sentiment d'un tournant, mais c'est un tout.
ToutEduc : Dans la note de service sur ProFan (voir ToutEduc ici) que vous avez signée, vous allez plus loin...
Najat Vallaud-Belkacem : L'un des intérêts de l'expérimentation ProFan est qu'on passe par les lycées professionnels, on sort du discours incantatoire sur la revalorisation de cette voie. Nous disons : si vous estimez que l'enseignement professionnel est une richesse, innovez, investissez en lui. C'est pourquoi d'ailleurs nous mettons en place 500 nouvelles formations, et nous créons 10 000 places pour des poursuites d'études. Mais avec cette expérimentation, nous y amenons aussi toute la modernité, nous y amenons le monde de la recherche pour voir comment on peut former les élèves à une nouvelle façon de penser, à de nouvelles compétences.
Interrogée sur les propositions des candidats hier, lors du débat des candidats à la primaire de la droite et du centre, notamment sur celle faite par Nicolas Sarkozy d'obliger les décrocheurs à faire un service militaire, la ministre dénonce son caractère "scandaleux, caricatural". C'est "un sujet si complexe à traiter", il a fallu déployer tant d'efforts pour passer sous la barre des 100 000 décrocheurs par an, dire "j'ai la solution" témoigne aussi d'une "conception très curieuse du mérite". Elle dénonce une façon de penser "congénitale" à droite, pour qui ceux "qui n'ont pas de bons résultats, c'est de leur faute". Ils n'imaginent pas que bien-veillance et émulation puissent aller de pair, pour eux la sélection doit se faire dès le plus jeune âge. "Ce qui se dessine derrière cette proposition, c'est une conception de l'Ecole vue comme une machine à trier".
Eloge des pédagogues
La ministre a également fait l'éloge des "pédagogues", dénoncés par François Fillon et auparavant par Carole Barjon dans un livre au titre d' "une violence inouïe", et qui "ne pourra rester sans réponse". "Si être pédagogue, c'est se soucier de la réussite des enfants, bravo !".
Stage de 3ème
Par ailleurs, la ministre de l'Education nationale a signé avec le mouvement associatif (Philippe Jahshan), l'ESS (Roger Belot), la MGEN (Thierry Baudet), l'Esper (Roland Berthillier), les fondations (Benoît Miribel) et le Crédit coopératif (Jean-Louis Bancel) une charte sur l'accueil des collégiens qui font leur stage de 3ème. Najat Vallaud-Belkacem souligne que le ministère signe régulièrement de telles chartes avec des entreprises, mais qu'avec celle-ci, "nous donnons à voir aux élèves qu'une autre économie est possible". La Ligue de l'enseignement et la MGEN se sont d'ores et déjà engagées à accueillir chacune 1000 élèves.