Très jeunes enfants : l’attractivité des livres plus importante que l’attitude des parents (thèse)
Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire, Culture le mercredi 16 novembre 2016.
Comment se déroulent les premiers contacts du très jeune enfant (de 6 mois à 3 ans) avec le livre ? C’est l’objet de la thèse de Sophie Ignacchiti, soutenue à l’université Lumière-Lyon 2 en octobre et diffusée en novembre. Elle s’est appuyée sur des questionnaires remplis par les familles de 165 enfants, complétés par l’observation des échanges de 67 enfants avec leurs parents lors de trois rencontres. En parallèle, 75 enfants ont suivi des ateliers mensuels de lecture avec une variation du mode d’interaction de l’adulte lecteur (neutre ou participatif).
Premier constat, les enfants rencontrent le livre environ vers 17 mois, mais trois profils se distinguent : certains se désintéressent de l’objet, d’autres le manipulent seuls, les derniers sont motivés par la relation engagée lors de la lecture partagée avec l’adulte. Trois groupes apparaissent aussi chez les parents : les "peu interventionnistes", avec des pratiques rituelles de lectures partagées peu fréquentes, les "très interventionnistes", mais laissant peu l’enfant manipuler seul le livre, enfin ceux qui participent à l’activité de l’enfant avec "des pratiques de lectures partagées fréquentes".
Aucune relation entre l’implication de l’enfant et l’attitude du parent
Étonnamment, la thèse ne relève aucune relation significative entre le comportement du parent et l’engagement de l’enfant autour du livre. "L’attractivité de l’objet livre et de la lecture partagée prévaut sur le profil parental", résume Sophie Ignacchiti. Ainsi, l’enfant met en place des compétences et pratiques autour du livre, indépendamment de l’adulte. Quel intérêt pour lui de "subir un mode de communication initié par l’adulte et inopérant comparativement à l’attractivité de l’objet ?" interroge la chercheuse.
Dans cette logique, elle interpelle : "Même s’il apparaît que la relation au parent et plus largement à l’adulte-lecteur dans une activité autour du livre est essentielle, ne serait-il pas plus efficace de nous adapter aux besoins exprimés par l’enfant dans leur construction de leur réel ?". Et de préciser au sujet de cet accompagnement familial : "Être ‘seulement’ présent, contenant, observateur des actions de l’enfant n’est-il pas tout aussi adapté et pertinent ?".
La thèse est consultable ici
Diane Galbaud