L'expérimentation ProFan pour adapter la formation dans les lycées (professionnels) aux mutations du monde du travail (BO)
Paru dans Scolaire, Orientation le vendredi 11 novembre 2016.
"Y-a-t-il un lien entre les performances scolaires et la maîtrise des nouvelles compétences" que suppose "l'introduction du numérique dans la plupart des activités professionnelles" ? La note de service publiée hier au BO de l'Education nationale sur le financement à hauteur de 15 M€ de "l'expérimentation ProFan" par le PIA (programme d'investissements d'avenir), va bien au-delà d'une disposition administrative. Signée par deux ministres en charge de l'Education nationale et de l'Economie et des Finances, par deux secrétaires d'Etat, à l'Enseignement supérieur et au Numérique, et par le commissaire général à l'investissement, elle pose la question de l'adaptation de notre appareil de formation aux mutations du monde du travail : "changement dans les relations hiérarchiques traditionnelles", remise en question "des modes de communication et de collaboration", la fragmentation taylorienne des tâches qui "fait place désormais à la prise d'initiative et à la supervision des processus d'exécution"...
Cela suppose des compétences nouvelles qui sont rapidement listées : "résoudre des problèmes en temps réel dont la nature évolue dans le temps, maîtriser la convergence réel-virtuel et les interactions opérateurs humains/objets connectés, coopérer et collaborer, en présentiel et à distance, travailler en rupture avec l'unité de lieu et l'unité de temps, opérer dans des hiérarchies définies par le seul problème posé, etc."
D'abord dans les lycées professionnels
Ces mutations induisent donc "une approche cognitive de l'acte professionnel", des fonctionnements en réseau, davantage de polyvalence et "des compétences à interagir augmentées". Les enseignants du lycée professionnel, parce qu'ils sont "parfaitement aguerris à la pédagogie du projet", sont les mieux à même "de s'approprier des contextes d'enseignement et d'apprentissage nouveaux".
C'est donc dans trois filières, industrielle, sanitaire et sociale et commerce, de quatre-vingts lycées professionnels que sera implanté le dispositif expérimental "ProFan" qui associe les acteurs de terrain, "enseignants, inspecteurs, chefs d'établissement, entreprises partenaires des établissements" et "un groupement de recherche, réunissant une dizaine de chercheurs français et étrangers". Il s'agit d'identifier les compétences nécessaires pour les emplois de demain et d'en "doter les élèves (futurs professionnels)" : "le renouvellement de la formation professionnelle s'impose donc comme un enjeu majeur pour faire face aux défis du travail dans un univers numérique."
Une référence pour l'éducation et la formation "au-delà" de l'enseignement professionnel
ProFan prévoit la conception d'une plate-forme numérique qui "a vocation à devenir une base technologique de référence pour les différents dispositifs d'éducation et de formation, en particulier à destination de l'enseignement professionnel". En effet, cette "nouvelle approche de la formation liée à des situations d'apprentissage et d'enseignement en décalage avec celles habituellement proposées", ces "nouveaux contextes d'apprentissage et d'enseignement" sont susceptibles de se développer dans les autres voies de la formation initiale, même si la note de service ne le mentionne qu'implicitement, lorsqu'elle souligne par exemple que la mobilisation d'un groupement de chercheurs "vise à garantir la qualité théorique et méthodologique de l'expérimentation (...) au bénéfice de l'enseignement professionnel et, au-delà, de l'éducation et de la formation."
Le texte "Orientations pour une expérimentation au lycée professionnel : répondre au besoin de nouvelles compétences pour l'emploi dans la société numérique" ici