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"Le métier d’enseignant attire toujours les jeunes" (Cnesco)

Paru dans Scolaire le lundi 07 novembre 2016.

"Le métier d’enseignant attire toujours les jeunes, non pas en raison de la sécurité de l’emploi, des vacances ou par défaut en temps de crise économique, mais parce qu’il fait sens et suscite un désir d’engagement auprès des enfants et des adolescents", estime le Cnesco. Le Conseil national d'évaluation du système scolaire a mené l'enquête auprès de 1 103 étudiants de troisième année de licence en Anglais, Histoire, Mathématiques, Sciences de l’Éducation et Sciences de la Vie et de la Terre (SVT) à Montpellier, Rennes et en région parisienne.

Il en ressort notamment que 46 % des étudiants en mathématiques, 41 % en anglais, 40 % en histoire, 36 % en SVT envisagent de passer l’un des concours de l’enseignement. 60 % d'entre eux disent avoir fait ce choix avant d’entamer leurs études supérieures, parfois dès l'école primaire pour ceux qui souhaitent devenir professeurs des écoles, ce qui fait dire au Cnesco que "le métier est souvent vécu comme une vocation, en ce sens où il est envisagé dès l’enfance". 

De plus en plus de nouveaux profils

"Les étudiants dont les deux parents sont de PCS défavorisées considèrent majoritairement (60 %) qu’occuper une telle fonction revient à occuper une position supérieure à celle de leurs parents", les étudiants dont les parents sont enseignants ne sont pas vraiment plus ou moins nombreux que les autres à envisager ce métier, mais ils se dirigeraient plus volontiers vers l'enseignement secondaire.

Autre constat, les étudiants évaluent "assez justement" les niveaux de salaires qui sont sous la moyenne de l'OCDE durant la première partie de la carrière (jusqu’à 15 ans) et dans la moyenne en fin de carrière. Ceux qui n'ont pas l'intention d'être enseignants, lorsqu'on leur en demande la raison, évoquent moins les questions de salaire ou de quantité de travail que les "premières années difficiles", un "système scolaire qui se dégrade", les "classes surchargées", mais le plus souvent, ils déclarent simplement avoir "d’autres projets". Enfin, "si les étudiants sont toujours majoritaires parmi les admis au concours d’enseignant, le métier d’enseignant semble attirer de plus en plus de nouveaux profils", de gens soucieux d'entamer une seconde carrière. En 2015, 15 % des admis au concours de professeur des écoles étaient salariés du public et du privé (contre 8 à 9 % en 2005) et 10 % étaient demandeurs d’emploi. Ils étaient 16 % de salariés ou de demandeurs d'emploi dans le secondaire.

L'attractivité dépend des territoires

Comment dès lors expliquer que, entre 2012 et 2015, 4 000 des 31 000 postes créés n’aient pas été pourvus ? "Ce manque de postes pourvus est surtout marqué en 2013", fait remarquer le Cnesco qui estime que, "moins qu’une perte d’attractivité, la politique de recrutement par à-coups produit un désajustement". Et surtout, le Cnesco pointe des inégalités territoriales. En 2015, il y avait presque 5 candidats pour un poste de professeur des écoles dans l’académie de Rennes "contre 1,3 dans l’académie de Créteil". Il ajoute que les académies de Versailles et Créteil ont, respectivement, entre 20 et 30 fois plus de demandes de départ que de demandes d’entrée de titulaires. "Le département de Seine-Saint-Denis a connu, en 2016, plus de 2 000 demandes de mutations hors du département (soit 21 % des enseignants) et seulement 29 demandes d’entrée dans le département."

Dans le second degré, les inégalités sont également territoriales et les académies déficitaires "subissent également une forte demande de mutations", ce qui "génère un turnover important qui contribue à déstabiliser les équipes pédagogiques". Mais, les concours de recrutement étant nationaux, ces inégalités sont aussi disciplinaires : "En 2015, il y avait 1,6 candidat par poste au Capes externe de mathématiques contre 6,5 en sciences économiques et sociales."

La concurrence d'autres métiers

En ce qui concerne les mathématiques, les difficultés de recrutement "s’expliquent par la concurrence avec les autres métiers possibles après des études scientifiques et la différence de rémunération avec ceux-ci". En anglais, le Cnesco pointe les débouchés attractifs des Masters spécialisés. Quant aux lettres modernes, elles seraient victimes d’une diminution des effectifs de la filière L. "De plus, les étudiants en lettres s’orientent davantage vers le concours de professeurs des écoles."

Le Conseil fait plusieurs préconisations pour éveiller ou conforter les vocations : la mise en place d'un "tutorat réalisé par les lycéens auprès des élèves en primaire ou au collège, sous la supervision d’enseignants", le développement d’un réseau social d’échange entre les enseignants et leurs anciens élèves, la mise en oeuvre d'un programme de formation continue pour aider les salariés d'autres secteurs qui envisagent une reconcersion à préparer les concours.

De grandes zones géographiques pour les premières affectations dans le second degré

Il propose aussi d'apporter plus de soutien aux jeunes enseignants avec un "mentorat" pendant les deux premières années, mais aussi de faire "un effort particulier" pour ceux qui sont affectés dans des territoires peu attractifs  :"primes d’installation renforcées, intégration dans la politique de construction des établissements de logements temporaires, politique de logement social (...)".

Il préconise aussi de "donner davantage de flexibilité au système", en créant de "grandes zones géographiques" pour les premières affectations des enseignants du second degré. S'agissant les enseignants en fin de carrière, il suggère "une décharge pour les personnels à partir de 58 ans" afin qu'ils participent à "la transmission d’expérience entre les générations".

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