Violences à l'encontre des personnels de direction ou enseignants : les réponses de la ministre
Paru dans Scolaire le vendredi 04 novembre 2016.
L'équipe mobile de sécurité (EMS) de l'académie de Créteil verra ses effectifs augmenter de 18 postes, annonce Najat Vallaud-Belkacem ce 4 novembre. La ministre de l'Education nationale entourée de la rectrice et du préfet réagissait aux violences et aux agressions qui ont eu lieu avant les vacances et que le SNPDEN résumait ainsi : "Le 6 octobre dernier, le proviseur du lycée Louise Michel d'Épinay-sur-Seine a été violemment agressé par un élève. Le 13 octobre, c'est l'équipe de direction du lycée l'ENNA de Saint-Denis qui a subi des graves violences physiques de la part d'un lycéen. Le proviseur et la proviseure adjointe souffrent de nombreuses fractures. [Le 17 octobre], alors qu’elle était sur le parvis de l’établissement, la proviseure du lycée Hélène Boucher de Tremblay-en-France a été frappée violemment". De plus, des violences répétées aux abords du lycée Suger de Saint-Denis se sont prolongées jusque dans l'enceinte de l'établissement, avec l'agression de personnels d'éducation.
Béatrice Gille, la rectrice, précise à ToutEduc que cette équipe de 41 personnes, qui comprend des psychologues, des CPE et des personnels axés sur la sécurité, sont chargés à la fois d'établir des diagnostics de sécurité et de travailler à la prévention des violences. Ce sont donc 4 psychologues scolaires, 4 CPE et 10 postes de sécurisation qui vont renforcer l'EMS dont la ministre évoque le rôle essentiel pour la coordination des divers acteurs, les services académiques, la préfecture et les collectivités territoriale. Elle rappelle que l'augmentation de 50 M€ du fonds interministériel de prévention de la délinquance permet à l'Etat d'aider les collectivités à financer les travaux de sécurisation des établissements (voir ToutEduc ici).
Agnès Evren, vice présidente de la Région, précise d'ailleurs à ToutEduc que seront mises au vote lors de la commission permanente du 18 novembre plusieurs mesures : la clôture du parvis et l'installation de la vidéo-surveillance pour le lycée Helène Boucher (pour 60 000 et 49 000 €), l'installation d'un sas et d'un système de vidéo et de visio-surveillance au lycée Louise Michel (20 000 et 70 000 €), un sas au lycée Suger tandis que la collectivité propose de prendre à sa charge les travaux de sécurisation du lycée ENNA qui ne lui appartient pas et pour lequel les discussions sont en cours. Elle souligne la rapidité de la réaction de la Région, en réponse aux demandes des chefs d'établissement et à l'anxiété des parents.
Comment gérer les élèves très violents ?
Mais ces incidents posent aussi la question de ces élèves "très violents". La ministre, le garde des sceaux et leur collègue en charge des affaires sociales ont saisi leurs inspections générales qui devront, sous quelques mois, leur proposer des "dispositifs innovants" pour la gestion de ces cas difficiles. Najat Vallaud-Belkacem rappelle par ailleurs le dispositif mis en place avec le ministère de l'Intérieur et la gendarmerie pour la formation des chefs d'établissement à la gestion des situations de crise : une cinquantaine de personnels de direction du département seraient déjà concernés par le centre qui ouvre à Melun.
La ministre a tenu à rendre hommage à "l'immense courage" des personnels qui ont fait face à ces violences, et à la solidarité qui s'est exprimée alors, y compris de la part des élèves, "terriblement choqués". Les proches du dossier que ToutEduc a interrogés soulignent aussi que ces faits sont très différents les uns des autres, et n'excluent pas qu'un effet de concentration ait provoqué un mouvement médiatique qui ne doit pas masquer la réalité des violences tout au long de l'année.
A noter d'ailleurs l'agression d'une professeure d'Education physique et sportive à Colomiers (Haute-Garonne) le 17 octobre. Le SNEP-FSU estimait que les enseignants d'EPS étaient particulièrement visés du seul fait qu'ils interviennent "au milieu de leurs élèves dans des activités où les corps sont mis en jeu au travers de contacts, de confrontations, d’aides et de parades consubstantielles à ces activités", ce qui peut amener des mises en cause injustifiées, mais aussi qu'ils "se trouvent très régulièrement seuls à l’extérieur des établissements scolaires, se déplaçant avec leurs classes pour se rendre sur les installations sportives extra-muros et ainsi confrontés à des risques augmentés d’accidents et d’agressions."