Grève du 21: les sensibilités du SNES, de l'UNSA et du SGEN...
Paru dans Scolaire, Orientation le mercredi 13 janvier 2010.
Appelant à la grève le 21 janvier, le SNES d'une part, l'UNSA-Education et le SGEN d'autre part, invitaient les journalistes ce mercredi 13 pour exposer les raisons de leur action. Des différences profondes de sensibilité apparaissent. Pour le SNES-FSU, "le service d'éducation se vide de sa substance". Il craint que le lycée d'enseignement général, propédeutique de l'enseignement supérieur, n'accueille plus bientôt que les élèves dont on pense en fin de 3ème qu'ils ont vocation à aller dans l'enseignement supérieur. "On a des projets pour les élites, dont on veut élargir le vivier de recrutement, mais on ne parle pas de la masse des élèves."
Pour l'UNSA et le SGEN aussi, "le débat éducatif dans ce pays reste pauvre" mais ils estiment que les syndicats doivent se saisir des "leviers de changement". Pour "ne pas accentuer la désespérance", l'action syndicale doit donc être en rapport avec "le sens de l'activité professionnelle" et ne pas se limiter à la déploration.
Les trois syndicats se retrouvent toutefois pour s'opposer à la réduction des moyens. Pour le SNES, les réformes ne sont que l'habillage des suppressions de postes: en 2009, la rentrée a pu se faire en prenant sur les moyens de remplacement, en 2010, elle se fera en utilisant les stagiaires, en 2011, en jouant sur le tronc commun en 1ère. Pour l'UNSA et le SGEN, les non-remplacements de départs à la retraite se feraient de toute façon, mais eux aussi s'inquiètent de l'utilisation des stagiaires qui, dans le second degré, feraient 18h./semaine sur quelques semaines, laissant ensuite leurs élèves à d'autres stagiaires, les uns et les autres n'ayant aucune formation à la conduite de la classe.
Pour le SNES, l'autonomie des établissements signifie, à terme, la fin des programmes nationaux. "Comment déterminer la place des expérimentations en physique-chimie s'il y a 1/2h de TP et trois fois plus ailleurs?" La réforme met en concurrence les enseignants, les rémunérations seront, de fait, individualisées, mais les établissemenets sont invités à "construire des collectifs", le "Conseil pédagogique" arbitrant les conflits! Le SGEN et l'UNSA, qui estiment que "le Gouvernement ne maîtrise pas les réformes qu'il met en oeuvre", considèrent que les universités, pour faire réussir leurs étudiants, axeront leurs masters sur la préparation des épreuves d'admissibilité du concours, qui sont essentiellement disciplinaires. Les futurs enseignants n'auront donc pas de formation professionnelle.
Rappelons que le SNES ne s'est pas opposé aux textes sur la masterisation, mais critique vigoureusement la réforme des lycées, alors que les deux syndicats "réformistes" estiment que la réforme du lycée "va dans le bon sens", même s'ils la jugent très insuffisante, et dénoncent vertement la réforme de la formation des enseignants.