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"L'école de demain", le projet de J-M Blanquer

Paru dans Scolaire le jeudi 20 octobre 2016.

Même s'il ne cite pas Alain Juppé et ne mentionne pas l'élection présidentielle à venir, c'est clairement un programme pour un prochain ministre de l'Education nationale que propose dans son dernier livre Jean-Michel Blanquer, dont certaines propositions rappellent celles de l'ancien Premier ministre. "L'Ecole de demain" porte d'ailleurs en sous-titre "Propositions pour une Education nationale rénovée". Elles remettraient en cause plusieurs réformes récentes mais auraient vocation à s'inscrire dans la durée, puisque leur "temporalité dépasse le temps des alternances" et qu'il convient "d'en finir avec le va-et-vient des réformes éducatives et pédagogiques". Se fondant sur l'expérience, les comparaisons internationales et les acquis de la science, l'ancien directeur général de l'enseignement scolaire, souvent considéré alors comme le réel ministre lorsque Luc Chatel l'était en titre, inscrit son projet dans un effort pour "réinventer la rationalité au XXIè siècle".

En ce qui concerne l'école maternelle, l'ancien recteur veut donner "la priorité absolue au langage" et il préconise une spécialisation des enseignants et une certification correspondante. Il propose de consacrer quelque 120 millions d'euros à la création de 3 500 postes pour diviser par deux la taille des classes de grande section en REP+, puis en REP. Il faudrait aussi "diffuser des techniques pédagogiques qui ont fait leurs preuves, inspirées directement par la recherche et fondées sur les meilleures expériences internationales", notamment "Success for All", le "Carolina Abecederian project" et le "Perry Preschool".

A l'école élémentaire, il faut "rétablir les évaluations nationales" et les étendre "à chaque fin d'année, du CP au CM2", voire les dédoubler, une évaluation en début et une autre en fin d'année. Les résultats auraient vocation à être publiés. Là encore, il faudrait "privilégier les pédagogies qui sont efficaces", augmenter de deux heures par semaine le temps d'enseignement, développer des stages de remise à niveau l'été pour les élèves les plus fragiles, faciliter les expériences permettant aux élèves de CM1 et CM2 d'avoir deux maîtres, un pour les sciences, un pour les humanités.

Mais "il n'apparaît ni possible, ni même souhaitable de faire évoluer le statut des écoles".

La dernière réforme du collège "illustre la dérive d'une conception du collège unique vers l'uniformisation par l'égalitarisme" via la suppression des "choix d'excellence". J-M Blanquer propose de substituer au "collège unique" un "collège commun" qui doit à la fois s'inscrire dans la continuité de l'école primaire et proposer aux élèves des "parcours personnalisés". Il faudrait renforcer les apprentissages avec "deux heures d'étude dirigée obligatoires tous les jours", mais aussi distinguer dans le socle commun "un socle fondamental, français et mathématiques", pour lesquels seraient mis en place des "groupes de compétences" et "un second ensemble plus large" avec des "parcours de réussite" et des dominantes qui pourraient être arts, ou sports, ou sciences, ou humanités, ou préprofessionnalisation... La carte scolaire pourrait évoluer pour élargir "le périmètre de choix", ce qui favoriserait "la coopération et l'émulation entre établissements", et aiderait à résoudre certains problèmes de gestion, comme le remplacement d'un enseignant absent ou l'organisation des options.

Le milliard d'euros que représente l'éducation prioritaire permettrait de financer la nouvelle organisation des collèges et les allègements d'effectifs en grande section et au CP.

Le baccalauréat est "le principe régulateur par l'aval" du lycée, surtout si celui-ci dispose de davantage d'autonomie. Il faut donc "simplifier et renforcer sa structure", et distinguer "des matières fondamentales, très approfondies, consacrées par des épreuves écrites" et "des domaines choisis par l'élève". Le lycée d'enseignement général et technologique est un "lycée modulaire".

La voie professionnelle doit être "une voie d'insertion professionnelle directe", ce qui n'obèrerait pas les possibilités de reprise d'études "plus tard". Les lycées professionnels seraient confiés aux régions.

L'agrégation est maintenue et renforcée, elle permet d'enseigner de bac - 3 à bac +3 (mais pas en collège). Le CRPE (1er degré) et le CAPES (2d degré) prennent en compte "la qualité académique" avec un écrit et un oral ainsi que "l'expérience acquise tout au long du processus d'imprégnation" qui préside à la formation professionnelle dès le début de la licence, voire avant. Ces concours confèrent "une habilitation à enseigner" (J-M Blanquer ne dit pas explicitement qu'ils cessent d'être des concours de recrutement de fonctionnaires), "le recrutement étant de la responsabilité des chefs d'établissement qui publieraient des appels à candidature". Ceux-ci déboucheraient sur des contrats de 5 ans renouvelables une fois (ce point n'est toutefois pas parfaitement établi). Les salaires comprendraient une part fixe et "une part de rémunération variable, fondée sur l'atteinte d'objectifs individuels et collectifs, définis conjointement par le chef d'établissement et les professeurs".

Le chef d'établissement conserverait une charge "réduite" d'enseignement. Il aurait avec lui une équipe de direction composée de 4 à 15 personnes en fonction de la taille de l'établissement. Les personnels de direction évaluent "la contribution des acteurs de l'établissement, en particulier les professeurs" au projet de l'établissement, lequel est régulièrement audité, éventuellement par une agence d'évaluation qui serait créée.

La carte des établissements serait revue, notamment pour regrouper des établissements de petite taille. J-M Blanquer envisage deux scénarios, la mise en place de 13 rectorats tout en gardant le niveau départemental et en créant des "circonscriptions de la scolarité obligatoire, centrées sur la pédagogie", ou, "seconde hypothèse plus radicale", "la concentration de la pédagogie et de l'administration" au sein d'une circonscription nouvelle.

"L'Ecole de demain", Jean-Michel Blanquer, Odile Jacob, 155 p., 19,90 €

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