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Système scolaire et inégalités sexuées : état des savoirs (IFÉ)

Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire, Orientation le mercredi 12 octobre 2016.

"Des polémiques récentes sur la 'théorie du genre', utilisées à des fins politiques, auraient pu nous dissuader d’aborder cette question en contexte scolaire", admet d'emblée Marie Gaussel, l'auteure du dossier de veille de l'IFÉ (Institut français de l'éducation) sur le thème "l'éducation des filles et des garçons : paradoxes et inégalités", publié le 11 octobre. Néanmoins, l'IFÉ a tenu à dresser un bilan des approches scientifiques de la question, avec un objectif : "permettre aux acteurs de l’éducation de disposer d’un état des savoirs rigoureux, au-delà des approches idéologiques ou des croyances personnelles."

La première partie du dossier est consacrée à la construction des représentations. "La féminité et la masculinité sont des modèles sociaux normatifs qui ne se développent pas naturellement, ils sont appris", souligne l'IFÉ. Ainsi, les enfants "assimilent tôt les normes correspondant à leur genre (ce que signifie être une fille ou un garçon de leur époque, de leur culture) mais intègrent tout aussi vite que ces rôles ne sont pas les mêmes".

Une reproduction des stéréotypes

Comment se construit l’identité sexuée ? Elle passe par plusieurs étapes entre l’âge de deux ans environ et de cinq-sept ans. L'IFÉ précise : "Même si les filles ont à leur disposition un éventail d’attitudes et de choix plus large que les garçons, quand elles sortent des représentations féminines classiques, on leur reproche d’être un 'garçon manqué', un individu raté en quelque sorte. Par contre, le petit garçon doit se montrer 'viril' dès le plus jeune âge. Utiliser des jouets 'de filles' est jugé avilissant voire dangereux au regard de sa future orientation sexuelle."

Dans une deuxième partie, le dossier se penche sur les mécanismes en œuvre dans le système éducatif. Globalement, les filles obtiennent de meilleurs résultats et semblent mieux s’adapter au climat scolaire. Quant aux garçons, plusieurs enquêtes montrent que les enseignants leur accordent plus d’attention et de temps et les incitent à davantage d’autonomie. En termes de reproduction des stéréotypes, l’IFÉ cite l'exemple des mathématiques, "caractéristique de la façon dont une discipline associée à des compétences peut amener les filles à se dévaloriser et à disparaître progressivement dans les filières à haut prestige professionnel". Ces stérotypes seraient souvent confortés par les manuels scolaires ; plusieurs études "dénoncent leur sexisme et la présence de nombreux préjugés en défaveur des femmes", relève l'IFÉ.

La mixité en cause ?

La mixité ne suffisant pas à promouvoir l’égalité, certains mouvements la remettent en cause. D’un côté, il y a ceux qui souhaitent "libérer les filles" pour leur permettre de s’épanouir et de montrer leur compétences. De l’autre, devant les succès féminins en matière de scolarité, des "masculinistes" désirent "protéger" les garçons dans des filières qui leur seraient réservées.

Or, la mixité aide les élèves à interroger leurs représentations du masculin et du féminin et à promouvoir d’autres relations entre les sexes. D'ailleurs, les jeunes qui réussissent le mieux sont souvent celles et ceux qui sont parvenus à se distancier des stéréotypes sexués. Mais comment éduquer à l’égalité ? Selon l'IFÉ, cette dynamique "passe d’abord par la prise de conscience des enseignants des représentations sexuées qu’ils affichent, consciemment ou non".

Le dossier de veille de l'IFÉ est consultable ici

Diane Galbaud

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