Enseigner les langues vivantes avec le cadre européen: Quels gains?
Paru dans Scolaire le dimanche 10 janvier 2010.
Quelles ont été les évolutions de l’enseignement des langues depuis les premiers pas du CECRL (Cadre européen commun de référence pour les langues)? Sylvie Abdelgaber (professeur d’anglais, CRAP-Cahiers pédagogiques), Joëlle Aden (IUFM de Créteil) et Maria-Alice Médioni (GFEN –Lyon-II) animaient mercredi 6 janvier la rencontre-débat organisée par le CRAP-Cahiers pédagogiques autour de la question. Elles en ont pointé les aspects positifs: "Les élèves ont compris le sens de ce qu’ils faisaient", "Les élèves s’expriment davantage", "Ils disent que le temps passe plus vite en cours", "Le développement de l’oral est très positif "… Pour Sylvie Abdelgaber: "Un cours motivant est celui qui provoque du jeu entre les élèves. Le sens vient des interactions".
Mais "les enseignants ont du mal mettre en place un enseignement qu’ils n’ont eux-mêmes pas reçu et connu", estime l’un des participants. Des difficultés d’évaluation ont été par ailleurs soulignées: "Évaluer individuellement les éléments d’un groupe de langue est compliqué, cela revient à évaluer des interactions". "Je me demande si le cadre européen ne s’applique pas aux dépens de la qualité des savoirs transmis. En tant que professeur, je suis les débats de mes élèves, leurs interactions. Il m’arrive de ne pas comprendre certains phrases, le langage pose parfois problème. Ainsi, en terme de compétences, soit les critères attendus par le cadre, le groupe est bon. Il est dans l’interaction, la participation, la prise de parole. En terme de savoir disciplinaire, le groupe laisse à désirer."
La rencontre a enfin souligné le risque d’instrumentalisation des langues, le cadre faisant passer, selon les enseignants, la culture au second plan. "Il ne s’agirait pas de s’en tenir à un langage de débrouille, un langage d’aéroport", ont unanimement rappelé les intervenants. Sylvie Abdelgaber, Joëlle Aden et Maria-Alice Médioni listent des "points de vigilance". Pour Maria-Alice Médioni, l’écueil du cadre serait d’enfermer l’élève dans des tâches à réussir. "Or, réussir n’est pas comprendre. Comprendre reste l’objectif des cours.. Joëlle Aden insiste sur la nécessité de considérer la valeur poétique de la langue, et pas seulement son aspect pratique.
Voir aussi la présentation du hors-série numérique Enseigner les langues vivantes avec le Cadre Européen: Le lien.