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L'Education nationale sait-elle que dans les bidonvilles vivent des enfants ? (rapport du CDERE)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le mardi 27 septembre 2016.

Le CDERE (collectif pour le droit des enfants Roms à l'Education) rendait publique, ce 27 septembre, une étude sur la scolarisation des adolescents vivant dans des bidonvilles ou des squats. Menée sans moyens mais avec le soutien de l'UNICEF, de la fondation Seligmann et du CCFD auprès de 161 jeunes, elle est surtout destinée à interpeler les pouvoirs publics, puisqu'on ne dispose pas de données fiables sur cette population, quelque 17 à 20 000 personnes, dont, vraisemblablement, 5 000 mineurs. Elle s'adresse aussi à l'Education nationale qui les connaît très mal, qu'il s'agisse de l'institution ou des enseignants qui, n'étant pas informés de leurs conditions de vie, constatent leur déscolarisation, tandis que les préjugés sur ces populations circulent "dans tous les pans de la société française".

Les 12-18 ans interrogés vivent dans 34 bidonvilles ou squats, ils sont majoritairement venus de Roumanie ou de Bulgarie et "se reconnaissent comme Roms". Seul un tiers d'entre eux est scolarisé régulièrement, 53 % ne vont pas du tout à l'école, un peu plus de 10 % y vont irrégulièrement. Parmi les 16-18 ans, seuls un garçon et une fille sont scolarisés. En règle générale, les filles sont moins scolarisés que les garçons. La question est de savoir pourquoi, alors qu'ils ont des parcours très divers, que certains ont été scolarisés en Roumanie, parlent 3 langues, et manifestent quand ils sont scolarisés leur goût pour l'école, tandis que leurs familles font ce qu'elles peuvent... Mais beaucoup n'ont pas accès à l'eau potable, et elles ont honte d'envoyer à l'école des enfants sales. De plus, la promiscuité provoque le manque de sommeil qui provoque des difficultés d'apprentissage.

Peu de maires refusent explicitement leur inscription à l'école

Peu de maires, comme ceux de Saint-Ouen ou de Maubeuge, refusent explicitement l'inscription à l'école des enfants Roms, mais usent de divers subterfuges. Le taux de scolarisation est d'ailleurs très variable selon les lieux d'enquête, de 0 à 100 %, ce qui témoigne de la différence de volonté politique des responsables. A Champs-sur-Marne, le bidonville n'étant pas un lieu de résidence, les enfants ne sont pas considérés comme habitant la commune et se voient appliquer le taux maximum pour la cantine. Ailleurs, il manque toujours un papier, un certificat de vaccination. Les municipalités et les services sociaux vont rarement au-devant de ces populations pour les aider à trouver des solutions. 

Certaines familles en sont à leur 8ème expulsion dans l'année. Il faut à chaque fois ou trouver un moyen de transport pour maintenir la scolarisation dans l'école, ou entamer de nouvelles démarches pour une inscription dans une école proche. Le parcours scolaire n'est pas connu de l'établissement d'accueil...Manque souvent le certificat de radiation qui permet une réinscription ailleurs. Pour le niveau collège, il faut repasser par le CASNAV (Centre académique pour la scolarisation des élèves allophones nouvellement arrivés et des élèves issus de familles itinérantes et de voyageurs) pour un test de niveau avant une affectation dans un collège, ce qui peut prendre plusieurs mois, voire l'année... Et pour avoir droit à un tarif réduit à la cantine, il faut un avis d'imposition qu'ils n'ont évidemment pas.

Des bonnes pratiques

Le tableau n'est pourtant pas uniformément noir. A Lille, des médiateurs roumanophones interviennent au CASNAV, à Grenoble, le planning familial lutte contre les grossesses précoces, ailleurs les Apprentis d'Auteuil accueillent des jeunes et travaillent avec les missions locales à leur insertion professionnelle... "Des bonnes pratiques existent", soulignent les représentants du CDERE qui ajoutent que certaines familles se trouvent dans un tel état de nécessité que l'éducation des enfants passe au second plan. Les femmes ne mendient avec leur enfant que lorsqu'elles ne peuvent faire autrement.

A noter aussi que ces populations sédentarisées en Roumanie depuis des siècles, n'aspirent qu'à la sédentarisation en France, et ne doivent pas être confondues avec les gens du voyage, éventuellement Roms, qui sont Français et conservent un mode de vie itinérant.

Sont membres du CDERE plusieurs associations spécialisées, ATD-Quart Monde, DEI-France, la FCPE, la FERC-CGT, la LDH, le MRAP, RESF, le secours catholique, le SNI et le SNUIPP (FSU), SUD-Education...

 

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