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L’ennui à l’école est le résultat d’un vide relationnel. (entretien avec Jean-Pierre Durif-Varembont, psychanalyste.)

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Justice, Orientation le vendredi 08 janvier 2010.

Jean-Pierre Durif-Varembont, psychanalyste, maître de conférences en psychologie à Lyon-II, a écouté quelque 36O jeunes sur le thème de l’ennui à l’école. Il en ressort que l’ennui ne serait pas propre à l’école. "L’ennui consiste pour un individu à se positionner comme sujet de désir, à se préserver par rapport aux routines institutionnelles. Lorsqu’il est nécessaire, pour des raisons sociales, institutionnelles, de rester dans un lieu, de ne pas s’en aller, l’ennui, le détachement de l’attention,  permet de s’en aller 'autrement'. Il faut se garder d’accuser l’école de tous les maux,  souligner au contraire que l’ennui n’est pas lié au contexte de l’école, mais qu’il est lié à tout contexte de vide relationnel".

Mais pourquoi un enseignant est-il perçu comme ennuyeux par sa classe? "Du point de vue des élèves, le professeur ennuyeux est celui qui n’a aucun rapport vivant avec ce qu’il enseigne."  Beaucoup de jeunes élèves qui s’ennuient se retournent pour "titiller" le camarade de derrière. S’ensuit une remontrance de la part de l’enseignant. Or, considère le psychanalyste, pour l’enfant, bouger, tripoter des ciseaux, solliciter un voisin est une manière de faire revenir la vie. L’ennui dirait l’intérêt pour l’autre, pour la rencontre. "Les élèves se rendent très bien compte que la question n’est pas celle de l’occupation ou du désœuvrement. Un élève ou un enfant peut dire 'Quand je m’ennuie, j’allume la télévision' et continuer à s’ennuyer devant le programme télévisé." Le zapping ne serait ainsi que le déplacement de l’ennui d’une occupation vers une autre.

Comment un adulte, un professeur peut-il aider un enfant à sortir de la léthargie? Pour le psychanalyste, l’adulte doit veiller à ne pas culpabiliser celui qui s’ennuie. "Souvent, on observe qu’il a une réaction de culpabilisation: l’enfant, l’adolescent est en faute, il n’a pas su s’occuper". Or, ce qui favorise l’ennui, c’est aussi le trop plein d'objets, d'activités. "L’ennui peut être perçu comme une saine réaction, une forme de préservation de soi."

L’adulte, l’enseignant, doit être présent avec l’enfant. "Un Tu t’ennuies ? suffit. A partir du moment où l’ennui est reconnu, l’enfant ne s’ennuie plus" , continue le psychanalyste, pour lequel la solution de l’ennui passe nécessairement par autrui. "Les enfants et les adolescents que nous avons rencontrés déclarent unanimement et de manière souvent très fine que l’ennui est le résultat d’un vide relationnel, non pas d’une absence d’activités".

Le psychanalyste souligne au final que pour l’enseignant, recourir en classe aux nouvelles technologies comme aux travaux en groupe peut s’avérer positif pour contrer l’ennui, si et seulement si ce recours favorise une qualité de relation au sein de la classe. "Ce qui importe, c’est la qualité de la relation, l’interactivité au sein du cours".

Pour plus d’informations sur l’enquête, voir aussi: Jean-Pierre Durif-Varembont, Joël Clerget, Christiane Durif-Varembont, Marie-Pierre Clerget, L’ennui vu par les élèves: ses indicateurs et ses effets.

 

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