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"Réveiller le désir d'apprendre" (Agnès Baumier-Klarsfeld)

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le samedi 03 septembre 2016.

"En France, la majorité des enseignants sont sur des modèles traditionnels. Carottes et bâtons. Bonnes notes et sanctions", déplore Agnès Baumier-Klarsfeld, journaliste et spécialiste de longue date des questions éducatives, dans son ouvrage intitulé "Réveiller le désir d'apprendre", paru le 25 août. À travers une exploration aux quatre coins du monde, elle passe en revue les méthodes pédagogiques qu'elle juge plus efficaces, avec un enthousiasme communicatif. Volontairement, elle s'écarte des sentiers battus, en retenant d'autres pays que ceux habituellement cités en exemple, comme la Finlande.

L'auteure s'attarde notamment sur le Canada où l'apprentissage coopératif est devenu la norme dans les écoles primaires. "Les élèves sont installés par quatre la plus grande partie de la journée et travaillent ensemble, la responsabilité de l'enseignant étant d'associer les enfants de la manière la plus pertinente possible et de réguler ce travail en commun", précise-t-elle. L'Etat canadien de l'Ontario va encore plus loin : au primaire, en début d'année, l'enseignant analyse les besoins de chaque élève et leurs centres d'intérêt. Objectif : former des groupes avec des personnalités complémentaires pour faciliter la coopération. L'Ontario met aussi l'accent sur le soutien aux jeunes les plus fragiles ; des enseignants surnuméraires aident les immigrants et les élèves présentant des difficultés particulières (dyslexie, dyscalculie, handicap léger...).

Les enfants apprennent à vivre ensemble

Aux yeux d'Agnès Baumier-Klarsfeld, les bons résultats des Canadiens aux tests PISA prouvent l'intérêt de la méthode. Grâce à l'organisation en petits groupes, les élèves s'interrogent les uns les autres, s'expliquent ce qu'ils n'ont pas compris, ce qui leur permet de mieux mémoriser. Ces échanges les aident, en particulier les jeunes immigrants, à mieux maîtriser la langue. Autre atout, la méthode contribue à "donner vie au projet républicain d'une école 'creuset de la nation' dans laquelle des enfants de milieux, de niveaux, de profils différents, apprennent à vivre ensemble".

Parmi les autres pays distingués par Agnès Baumier-Klarsfeld, figure étonnamment le Japon. Loin du cliché d'une Asie férue de méthodes traditionnelles, son enseignement favorise les mises en situation. "Par exemple, les professeurs soumettent à leurs élèves des problèmes concrets et les laissent chercher un bon moment avant de leur venir en aide". Quel est l'objectif ? Susciter l'engagement et une compréhension en profondeur des notions abordées. Les jeunes travaillent en petits groupes puis exposent au tableau ce qu'ils ont trouvé. "L'apprentissage est largement facilité en maths comme en sciences lorsque les élèves sont incités à débatttre de leur manière de procéder", remarque Agnès Baumier-Klarsfeld. Les enseignants ne sont pas en reste : ils montent les séquences ensemble dans plusieurs classes en même temps...

Donner du sens aux efforts des élèves

Toujours en Asie, l'auteure n'oublie pas Singapour, réputé pour son enseignement des maths. "Entre 4 et 8 ans, les enfants consacrent un temps énorme à ce qu'on appellerait chez nous des jeux. Ils entrent dans l'univers des nombres en maniant et échangeant des perles et des barrettes de dizaines de perles", indique-t-elle. Ainsi, pendant cette phase, les termes de soustraction ou d'addition ne sont pas abordés. Les enfants s'initient à la géométrie en manipulant des objets aux formes mutiples, à l'arithmétique en utilisant des images. Le passage aux représentations symboliques et abstraites ne se fait qu'après avoir développé "une première compréhension intuitive des problèmes posés".

Dans son panorama international, Agnès Baumier-Klarsfeld s'intéresse aussi à l'enseignement littéraire. Elle mentionne les pays anglo-saxons (États-Unis, Australie, Royaume-Uni, Canada) où les professeurs privilégient l'expérience de l'écriture. Une manière de donner du sens aux efforts des élèves, en particulier les plus éloignés de l'écrit. Et hors de l'école, ils peuvent s'inscrire dans des ateliers d'écriture, très répandus dans ces pays, "comme ils iraient dans des clubs de musique, de théâtre ou de danse".

"Réveiller le désir d'apprendre", Albin Michel, 255 p. 16,50 €

Diane Galbaud

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