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Professions de la petite enfance : où sont les hommes ?

Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire, Orientation le vendredi 02 septembre 2016.

Dans la plupart des pays du monde, la proportion de professionnels masculins dans l’éducation et l'accueil des jeunes enfants est inférieure à 3%. "Même dans les pays ayant le taux le plus élevé d’employés masculins, la Norvège et le Danemark, moins d’un employé sur dix est un homme", remarque Tim Rohrmann, professeur en développement et éducation de la petite enfance à l'université des sciences appliquées de Dresde (Allemagne), dans un article publié dans le dernier numéro de La nouvelle revue de l'adaptation et de la scolarisation (1/2016, n°73 , p.181-200). Un groupe de travail de la Commission européenne a suggéré en 1996 d'atteindre un taux de 20% d'ici à 2006. "Nous sommes encore loin de cet objectif", constate Tim Rohrmann. Néanmoins, les raisons pour lesquelles il faudrait augmenter l'effectif masculin "ne sont toujours pas très claires", note-t-il.

Selon les pays, elles se révèlent même parfois opposées. En Norvège par exemple, l'objectif est de favoriser l’égalité des sexes en remplaçant les rôles traditionnels homme/femme par de nouveaux modèles. En revanche, en Malaisie, un président d’un centre d’accueil pour enfants estime que "les hommes sont plus stables émotionnellement, pas aussi sensibles que les femmes" et donc plus aptes à gérer les problèmes. "L’approche norvégienne considère que les hommes et les femmes sont semblables et de même valeur, tandis que dans l’exemple malaisien les hommes et les femmes sont différents, en donnant un statut plus ou moins supérieur aux hommes", résume Tim Rohrmann.

Des points de vue stéréotypés

Hommes et femmes ont-ils des approches pédagogiques semblables ? Une étude autrichienne sur les interactions quotidiennes en maternelle n’a trouvé aucune différence dans leurs pratiques. "Les résultats semblaient être plus influencés par le sexe de l’enfant que par celui des adultes", précise Tim Rohrmann. Du côté des femmes, un grand nombre approuve l’idée de côtoyer davantage de collègues masculins. Toutefois, selon plusieurs études, elles défendent souvent des points de vue stéréotypés. Ainsi, "elles veulent qu’ils jouent au football ou qu’ils s’impliquent dans des jeux turbulents" et s’attendent moins "à ce qu'ils s’investissent dans les soins intimes des nourrissons ou qu’ils prennent les enfants sur leurs genoux".

Tim Rohrmann remarque : "Parfois il existe des règles qui interdisent aux hommes de changer les couches, conséquence de soupçons selon lesquels les hommes qui travaillent avec des enfants pourraient être pédophiles. Ces craintes bien souvent ne sont pas exprimées librement, mais influencent néanmoins le comportement pédagogique et les relations entre les hommes et les femmes travaillant ensemble".

Une "subtile discrimination"

Au final, beaucoup d’hommes "se plaignent d’être contraints à jouer des rôles et à adopter des comportements traditionnellement masculins, tandis que d’autres semblent se sentir plutôt confiants dans une niche masculine". Toutefois, leur satisfaction au travail s'avère en général très élevée, même s'ils font état d’une "subtile discrimination" (par exemple, ils seraient interrompus lorsqu’ils proposent de nouvelles idées ou remettent en question des habitudes de travail).

Du côté des parents, des rapports de plusieurs pays montrent qu’une majorité d'entre eux se déclarent favorables à une hausse du nombre de professionnels hommes. Ils attendent notamment "des modèles de référence masculins positifs et un environnement mixte" selon une étude britannique. Quant aux enfants, ils "réagissent très positivement envers les enseignants et les aidants masculins". Cependant, "malheureusement, il n’existe pratiquement aucune étude qui a interrogé les enfants eux-mêmes pour savoir comment ils ressentent les professionnels masculins et féminins", déplore Tim Rohrmann.

L'article est consultable ici (accès payant)

Diane Galbaud

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