Sécurité : des précisions pour les écoles, collèges, lycées (N. Vallaud-Belkacem, B. Cazeneuve)
Paru dans Scolaire le mercredi 24 août 2016.
"La menace est élevée ; le danger bien réel", estime Najat Vallaud-Belkacem. La ministre de l'Education nationale présentait, ce 24 août, avec son collègue Bernard Cazeneuve les mesures arrêtées dans le cadre d'un accord interministériel, impliquant également l'enseignement agricole, pour assurer la sécurité des écoles et des établissements scolaires dans le contexte créé par les attentats. Comment "y faire face" sans "céder à la panique" ou "tomber dans la paranoïa". Ces mesures complètent ou précisent celles prévues par la circulaire publiée cet été (voir ToutEduc ici), lesquelles s'ajoutaient à celles prises après les attentats de l'an dernier.
Voici l'essentiel de ce qui a été annoncé ce matin
- "Si une école devait subir une attaque terroriste, le ministère communiquera aux familles des informations vérifiées par l’Intérieur. Celles-ci seront accessibles sur education.gouv.fr, qui affichera une page spéciale avec uniquement les informations fiables, les zones de confinement et les consignes à suivre. Ces informations seront aussi relayées par le compte Twitter de l’Éducation nationale."
- Tous les PPMS (plans particuliers de mise en sécurité) et diagnostics de sécurité seront mis à jour "très prochainement", 88 % des écoles et 95 % des collèges et des lycées l'ont déjà fait.
- Le FIPD passe de 70 à 120 M€. Ce "Fonds interministériel de prévention de la délinquance" permet à l'Etat d'aider les collectivités en difficulté à réaliser des travaux urgents en matière de mise en sécurité: réhausser une clôture, "s’assurer de l’opacité des vitres exposée", "adapter les systèmes d’alarme", compléter un système de vidéo-surveillance...
- "Tous les recteurs et leurs équipes, soit 240 personnes, seront formés à la gestion de crise d’ici la fin de l’année 2016." Sera également renforcée la formation des cadres "grâce, entre autres, à des formations conjointes avec le ministère de l’intérieur". Chaque année, 500 cadres seront formés "contre 135 par an aujourd’hui", au Centre national d’entraînement des forces de gendarmerie de Saint-Astier, et dans les centres de formation de Rochefort, Melun et Tulle qui s'ouvriront aux personnels de l’Education nationale." Par ailleurs, est reconduite à Créteil la formation conjointe police - cadres de l'Education nationale.
- En ce qui concerne la formation des élèves, la ministre confirme l'objectif, que tous les élèves de 3ème et tous les élèves élus aux soient sensibilisés aux "gestes qui sauvent" (un module de formation de 2h) ou au PSC1 (prévention premiers secours 1, avec un module de formation de 8h). Au total, 1,2 million d'élèves sont concernés. A la fin de l'année scolaire 2016-17, la moitié des élèves de 3ème auront bénéficié du module de 8h. Les élus, collégiens et lycéens, bénéficieront "à leur demande" d'une formation de 2h ou de 8h selon les possibilités de l'établissement. Au sein de l'Education nationale, le nombre des formateurs passera de 7 000 à 10 000 "au cours de cette année scolaire" tandis que "les formateurs de formateurs passeront eux de 200 à 300", grâce à "l’implication du ministère de l’intérieur, des associations et organismes publics agréés pour la formation aux premiers secours" et avec "l’aide de la fédération nationale des sapeurs-pompiers de France".
- Des guides d'accompagnement ont été créés "pour les directeurs d’école, les chefs d’établissements et pour les familles". En ce qui concerne les élèves les plus jeunes, la ministre demande qu'on prenne soin "de ne pas aborder l’exercice d’intrusion-attentats en évoquant directement le sujet" mais en s'appuyant "sur des logiques ludiques, jouer à se cacher ou à se taire dès que le professeur des écoles fait un signe particulier, par exemple".
Ces jeux sont détaillés dans le livret d'accompagnement qui donne aussi une liste d'albums de jeunesse qui permettent d'évoquer avec les enfants différents thèmes, comme la peur du noir ou "les méchants". Le livret à destination des parents précise que ceux-ci seront "informés de la date et des conditions de mise en oeuvre" des exercices "de type attentat - intrusion", un terme qui n'est utilisé "que par les adultes" et en précisant qu'il s'agit d'éviter "tout scénario anxiogène".
Pour sa part, Bernard Cazeneuve a lui aussi insisté sur la nécessité de "garantir une atmosphère de sérénité" dans les écoles, collèges, lycées. Il a indiqué que "plus de 3 000 réservistes de la gendarmerie" seraient affectés à la sécurisation de la rentrée. Plus généralement, "les forces de sécurité intérieure" assureront "une présence visible et dissuasive aux moments clé de la journée scolaire. Le ministère de l'Intérieur a mis en place "2 391 correspondants police et gendarmerie - sécurité école" et "440 référents sûreté".
A noter que la salle du ministère de l'Education nationale où était réunie la presse était remplie comme elle l'est rarement, signe de l'intérêt que porte le public aux questions de sécurité. A noter également que n'ont pas été évoquées les problèmes posés par les activités périscolaires ou dans les centres de loisir (centres aérés). Enfin, interrogée sur la question des espaces fumeurs dans les lycées, la ministre a rappelé que la loi Evin les interdisait.