Avignon : le Festival, la Ville, les CEMEA et l'Education nationale renouvellent leur convention, mais 300 jeunes manquent à l'appel
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture le mercredi 13 juillet 2016.
"Plus de 300 lycéens et apprentis" n'ont pas pu venir cette année au festival d'Avignon. Chaque année, les "Centres de jeunes et de séjours du festival d’Avignon", créés en 1959 "à l’initiative de Jean Vilar, de la Ville d’Avignon et des CEMEA" reçoivent quelque 700 lycéens pour une petite semaine (voir ToutEduc ici, ici et ici). Ils viennent y "rencontrer la création contemporaine, y apprendre sur eux et le monde, y développer leur libre-arbitre et leur sens critique, y échanger et vivre une expérience culturelle forte", selon les termes de la déclaration collective de la Ville, du Festival et des CEMEA et déplorent que certaines Régions aient choisi de ne pas subventionner le déplacement des élèves, comme il était prévu. Ce sont, selon les informations recueillies par ToutEduc, Grand Est pour des raisons techniques liées à la réorganisation territoriale, Bretagne, qui privilégie les festivals locaux, Auvergne-Rhône-Alpes et Ile-de-France "pour des raisons politiques".
Les signataires rappellent que le ministère de l’éducation nationale a conclu en 2004 un partenariat avec le Festival pour le développement du projet "Lycéens et apprentis en Avignon". L'opération s’appuie sur la programmation du festival pour permettre aux jeunes "ainsi qu’aux enseignant.e.s qui les encadrent, de vivre, collectivement, à la fois une expérience de spectateur et des activités d’expression qui mobilisent leur sens critique, l’écoute et la prise de parole".
La convention renouvelée cette année
La convention a été renouvelée cette année. Elle précise que "l’opération 'Lycéens en Avignon' s’inscrit pleinement dans la politique que le ministère [de l’Education nationale] mène en faveur de la mise en oeuvre du parcours d’éducation artistique et culturelle" prévu par la loi de refondation: "Les pratiques artistiques, les rencontres avec les artistes et les oeuvres ainsi que les apprentissages mis en jeu dans cette opération participent d’une formation globale des jeunes". Or "l’offre culturelle d’exception proposée par le Festival d’Avignon et l’esprit de sa manifestation correspondent bien au temps et au lieu pour accueillir de nombreux jeunes encadrés par les représentants des Céméa et les encourager à une pratique réflexive et sensible".
Les trois signataires "décident de renouveler et de renforcer leur partenariat", le Festival proposant "des actions éducatives, pédagogiques et artistiques de formation du spectateur" et organisant des "ateliers, spectacles, rencontres d’auteurs ou d’équipes de création, etc.". Il s'engage aussi à favoriser "le développement de l’opération sur le territoire national, notamment pour les spectacles présentés au Festival et susceptibles d’être diffusés dans les régions" et à inscrire dans sa démarche "l’accueil des élèves relevant de l’éducation prioritaire". Le Festival s’engage aussi "à développer un partenariat avec Réseau Canopé ayant pour objectif la création et la diffusion de ressources de type 'Pièce (dé)montée' (...)".
Des formations à destination des enseignants
Pour leur part les Centres de Jeunes et de Séjours s'engagent notamment à "encourager une approche plus transversale des arts à partir de l'expérience festivalière d'Avignon", à "faciliter la rencontre des participants avec les divers aspects de la création artistique présentée au festival" et à "faire encadrer ces séjours par des équipes composées de formateurs agissant au sein du réseau national Culture des CEMEA". Ils développeront aussi "des actions de formation (initiale ou continue) à destination de personnes-ressources ou de personnels enseignants, conçues autour de la programmation du Festival d’Avignon et du projet éducatif des CEMEA".
Quant au ministère, il "soutient le Festival d’Avignon pour la réalisation de ces objectifs, pour la durée triennale de la convention, par l’attribution d’une aide financière annuelle sous forme de subventions". Il "s’engage à informer la communauté éducative, par tous les moyens qu’il juge appropriés, des actions engagées par le Festival d’Avignon".
La société française menacée
Dans leur déclaration commune, la Ville, le Festival et les CEMEA rappellent que "la culture intervient comme le lieu où se construit et se vit le sentiment d’appartenance à la collectivité", mais ils estiment que "la dimension sensible de la culture demeure encore largement ignorée dans l’éducation traditionnelle". Ils le déplorent "à l’heure où des forces de division, de fracture et de stigmatisation menacent la société française ; à l’heure où la crise économique amplifiée par la crise des réfugiés (...) rend l’Europe incertaine sur ses aptitudes et son destin".