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"Ni sains, ni saufs" : enquête sur les mineurs non accompagnés dans le nord de la France (Unicef)

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Justice le lundi 27 juin 2016.

Quels sont les risques auxquels sont exposés les mineurs non accompagnés vivant dans les divers bidonvilles du nord de la France et sur le littoral de la Manche ? C'est la question analysée par l'Unicef (avec l'association Trajectoires), dans un rapport publié le 22 juin, qui s'appuie sur une enquête menée de janvier à avril 2016 sur sept sites (Calais, Grande-Synthe, Angres, Norrent Fontes, Steenvoorde, Tatinghem, Cherbourg). Au total, l'organisation évalue le nombre de ces jeunes à 500 environ en mars 2016. Depuis juin 2015, 2000 seraient passés dans les différents sites.

Les auteurs du rapport ont mené 61 entretiens individuels et collectifs avec des mineurs non accompagnés. Parmi eux, trois sont âgés de 11 à 12 ans, neuf de 13 à 14 ans et 49 de 15 à 17 ans. Ils sont de nationalité afghane, égyptienne, syrienne, kurde (d’Iran et d’Irak), soudanaise, érythréenne, éthiopienne, koweitienne, guinéenne et vietnamienne. Tous se plaignent du froid et de la fatigue. "Les plus fragiles s’installent dans des abris peu isolés des intempéries et ont difficilement accès aux distributions de repas ainsi qu’aux douches", note l'Unicef.

Aucun d'entre eux n’a accès à une scolarisation régulière

Du fait du contrôle renforcé des frontières, ils restent plus longtemps dans ces bidonvilles, ce qui accroît "l’impact sur leur santé de ces conditions de vie extrêmement difficiles". Quelle est la durée moyenne de leur séjour ? En se fondant sur son échantillon, l'Unicef l'évalue à cinq mois. Néanmoins, "quelques mineurs étaient sur le littoral depuis neuf mois et un depuis plus d’un an".

Autre constat : aucun d'entre eux n’a accès à "une scolarisation régulière, pourtant obligatoire". "En attente d’une tentative de passage chaque nuit, de nombreux jeunes nous ont confié ne plus supporter l’inactivité, qui peut engendrer chez certains nervosité et comportements dépressifs", soulignent les auteurs.

Contraints d’assumer des tâches fastidieuses

Quelles sont les craintes de ces jeunes ? Ils redoutent "les violences provenant des forces de police, des milices de civils et des passeurs ainsi que les agressions sexuelles pour les filles comme pour les garçons". Sur la plupart des sites étudiés, un "droit d’entrée" est exigé par les passeurs. Ne pouvant payer, les mineurs isolés sont "contraints pour être acceptés d’assumer des tâches fastidieuses pour les adultes : aller chercher l’eau, faire la queue à la douche pour des majeurs, faire le ménage du container (...), revendre les denrées récupérées lors des distributions au marché informel nocturne qui a lieu dans la jungle de Calais, etc". L'étude fait aussi état de cas de violences et d'abus sexuels. Elle souligne en outre que certains mineurs se retrouvent sous l’emprise de réseaux d’exploitation.

Présentant des parcours migratoires très variés, tous ces jeunes n'ont pas les mêmes aspirations. Les auteurs du rapport constatent : "Si certains partent avec un mandat familial contraignant dans l’espoir de rejoindre des membres de leur famille présents au Royaume uni, d’autres ne semblent pas avoir d’objectifs précis et ont financé eux-mêmes leur voyage". Quel que soit leur projet, l'Unicef estime que ces mineurs sont tous en situation de danger. Elle juge donc urgent d'assurer pour eux "des expérimentations et des ajustements de la protection de l’enfance" dans le respect des droits de l'enfant.

Le rapport "Ni sains, ni saufs : enquête sur les enfants non accompagnés dans le nord de la France" (Unicef) est consultable ici

Diane Galbaud

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