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Michel Lussault invite les éducateurs à être des "pionniers lucides du numérique"

Paru dans Scolaire le jeudi 23 juin 2016.

Michel Lussault, directeur de l'Ifé, et Jean-Pierre Berthet, directeur du learning lab de l'EM Lyon, étaient invités à échanger autour de la thématique "Enseigner / Apprendre à l'heure du numérique", ce lundi 20 juin, dans le cadre du Conseil de développement de Lyon métropole. Pour Anne-Marie Comparini, présidente du conseil en effet, "la fulgurance du numérique cache peut-être une autre révolution : celle de l'apprendre."

Le président du CSP (le Conseil supérieur des programmes) pose le postulat d'emblée : le numérique n'est pas une simple évolution technique des sociétés, mais une révolution anthropologique des pratiques qui remet tout en question : l'économie, la politique et les territoires, les interactions entre les personnes, les rapports intra-familiaux, les cultures, et bien sûr, l'éducation, l'enseignement, l'apprentissage. L'intelligence elle-même est interrogée à partir de l'IA (intelligence artificielle). Nous vivons de plus en plus dans un monde de données digitalisées, dans le monde du Big data. D'ailleurs la valeur économique est davantage fondée sur les métadonnées que sur les données comme le montre le cas de Google. Nous avons des instruments technologiques dont nous ne savons pas toujours à quoi ils servent... mais qui servent dans de nouveaux champs pratiques. Les pessimistes y voient une perte d'humanité. Les optimistes invitent à prendre la posture du pionnier. C'est pourquoi Michel Lussault choisit d'être... "un pionnier lucide" !

Une logique d'augmentation

Les dispositifs numériques ne sont pas des dispositifs de substitution, ajoute-t-il. Toutes les recherches montrent que c'est un leurre. Nous sommes dans une logique d'augmentation. Le numérique permet l'apprentissage augmenté. Tous ses étudiants de l'ENS prennent leur notes de manière numérique et il y a ensuite des plateformes de prise de notes collectives. C'est bien une réalité augmentée. Cependant on ne sait pas ce que fabrique ce nouveau processus d'apprentissage.

Car enseigner et apprendre, ce n'est pas la même chose, insiste-t-il. Enseigner, c'est faire apprendre intentionnellement tandis qu'apprendre relève de capacités cognitives inscrites dans le génome humain. Apprendre peut se concevoir sans enseignement. Tout au long de la vie, on apprend beaucoup de manière non formelle. L'enjeu du numérique en éducation se trouve dans la manière dont on met en lien enseigner et apprendre. Il faut rechercher un lien vertueux, dynamique, à créer, afin que celui qui a appris de manière formelle puisse apprendre de manière non formelle. Et de rappeler qu'un enseignant qui maintient ses élèves dans la dépendance, échoue....

L'apprentissage collaboratif de demain.

La pédagogie n'est pas discréditée par le numérique, elle est renforcée ! Le numérique offre la possibilité de varier les situations d'apprentissage et d'enseignement. Jean-Pierre Berthet interroge : a-t-on changé les processus d'enseignement ? Il observe le développement des espaces d'apprentissage dans les écoles d'ingénieurs et de management, ainsi qu'à l'université, en France, aux Etats-Unis, et dans certains pays d'Europe (Suisse, Belgique,..). Il en propose une typologie autour de deux grandes catégories : espaces formels et informels. Des réseaux se développent, des guides sont produits. S pose alors la question de l'appropriation du savoir dans un contexte d'apprentissage collaboratif, d'où la nécessité de développer des compétences de communication, de collaboration, d'apprentissage trans-générationnel. Se posent aussi celles de la place de l'open source, et d'une relation où les enseignants sont des "metteurs en scène du savoir" et laissent les élèves être les acteurs.

Michel Lussault rappelle alors que le numérique a plutôt tendance à faciliter l'accès au savoir des enfants des milieux défavorisés. Il insiste, il faut toujours garder présent à l'esprit le principe d'éducabilité ! Se demander quelles politiques développer pour mettre à disposition du plus grand nombre les savoirs tout au long de la vie. La question de l'échec scolaire est alors relativisée.... En réponse à une objection, il admet que des majors comme Google norment les savoirs, mais il rappelle que les imprimeurs des XVème et XVIème siècles avaient aussi terriblement normé l'orthographe, la langue, pour des raisons de marché. Et de conclure que le changement est là et que l'école ne peut être une citadelle assiégée. Il y a des risques mais aussi des opportunités voilà pourquoi il invite les éducateurs à devenir des "pionniers lucides" !

Claude Baudoin

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