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Enfants de migrants : comment concilier le monde du dedans, celui de la famille, et le monde du dehors (Marie Rose Moro)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le mercredi 22 juin 2016.

Comment grandir en situation transculturelle ? C'est le thème de l'intervention de Marie Rose Moro le 17 juin lors des Journées nationales des Maisons des ados à Strasbourg. Professeur de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent à l'université Paris Descartes et chef de service de la Maison des adolescents de Cochin, elle a aussi créé la première consultation transculturelle pour les enfants, adolescents et leurs familles migrantes, à l'hôpital Avicenne de Bobigny.

Pour expliquer le travail de construction identitaire des enfants de migrants, la psychiatre commence par évoquer Arturo, adolescent de 15 ans d'origine angolaise, reçu à la Maison des adolescents. "Il apparaît étrange à ses parents, étrange au monde extérieur et il amène cette double étrangeté à la consultation sans pouvoir rester, sans pouvoir réunir ses mondes", relate-t-elle.

"Pour être d’ici, il faut être fier de là-bas"

Que lui manque-t-il ? Il a besoin d’un "passeur", affirme Marie Rose Moro, pour "concilier le monde du dedans, celui de la famille et le monde du dehors". Elle précise : "C’est nous qui servirons de passeur en reconnaissant le monde de ses parents comme support et espace intermédiaire à sa construction identitaire".

"Pour être d’ici, il faut être fier de là-bas" dira le père d'Arturo lors de la seconde séance avec les professionnels de la Maison des adolescents, en présence de son fils. Face aux "deux figures d’attachement qui se battent en duel à l’intérieur de lui", le jeune homme va alors trouver les mots pour penser son identité et la dire. Il va se voir comme "un adolescent d’ici venus d’ailleurs" et assumer son destin "d’enfant métissé".

Ne pas les condamner au repli

Comme tous les autres jeunes, les enfants de migrants ont besoin de "liens diversifiés". Pour Marie Rose Moro, les conditions d’accueil des migrants en Europe doivent donc évoluer "pour favoriser la construction de liens entre les groupes et les personnes et ne pas les condamner au repli par manque d’ouverture possible". Sans cela, "il n’y a d’autre choix que la culture du retirement, de l’effacement, du manque, voire de la honte, ce qui sur le développement des enfants et des adolescents a des effets désastreux en termes de narcissisme et d’estime de soi".

Dans cet esprit, la psychiatre déplore que "dès que l’on parle de lien social, on sorte l’épouvantail du communautarisme, comme si se reconnaître dans un groupe, même partiel, même transitoire, n’était pas une nécessité qui appartient à tous". Elle estime que priver ces jeunes "de liens multiples, de nourritures fondamentales au prétexte qu’on a peur du communautarisme ou, du moins, de certains communautarismes, c’est les empêcher de vivre une des beautés de leur monde, celle de la diversité à laquelle ils appartiennent et qu’ils contribuent à rendre vivante, à incarner".

Diane Galbaud

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