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Enseignement de la Marseillaise : la construction d'une "citoyenneté d’adhésion" quasi-absente (étude)

Paru dans Scolaire, Culture le vendredi 17 juin 2016.

"Il n’y a pas un enseignement mais des enseignements de la Marseillaise", constate François Durpaire, maître de conférences en histoire à l'université de Cergy-Pontoise dans une étude publiée dans le numéro de la revue Recherches en éducation de juin 2016 (n°26, "École, citoyenneté, ethnicité"). En guise d'illustration, le chercheur précise : "Un enseignant peut dire que la Marseillaise est un chant guerrier, voire raciste, quand un autre éprouve des frissons face à un chant qui fait 'notre' unité. L’un estime qu’il s’agit d’un moyen de construire de la cohésion, quand l’autre fait lire le texte avec distance, voire circonspection".

Néanmoins, les 12 enseignants (du premier et du second degré) interrogés dans le cadre de cette enquête s'accordent sur un point : cet apprentissage n’est pour eux pas prioritaire. À leurs yeux, il s'agit d'une "simple recommandation de l’institution, qui doit se glisser, si le programme le permet, au sein des 'vrais enseignements' (ceux légitimés par des disciplines)". Dans leur esprit, la construction "d'une citoyenneté d’adhésion transcendant les différences ethniques est quasi-absente", remarque François Durpaire. Or la transmission de cette "citoyenneté d’adhésion" était justement l’une des missions originelles de l'enseignement de l’hymne national...

S’interroger sur la capacité ou la volonté de socialisation nationale

Comment expliquer cet écart avec l'objectif initial ? François Durpaire constate : "Se dégage chez les enseignants interrogés une vision extensive de la laïcité, où le sentiment national, telle une religion, devrait être laissé à la sphère privée (le rapport à la nation dépend de chacun...) et donc rejeté hors de la sphère publique". Et le chercheur interpelle : Plutôt que de reprocher aux élèves leur défaut d’intégration (leur intégrabilité), ne faudrait-il pas s’interroger sur la capacité ou la volonté de socialisation nationale de l’institution scolaire elle-même ?

Ayant mené également une enquête quantitative auprès d'élèves (354 lycéens d’Ile-de-France), il note que 20% de ceux ayant un parent ou grand-parent étranger affirment ne pas connaître l'hymne national, contre 3,1% seulement des élèves n’ayant pas de parents étrangers.

Réduire l’écart entre les différents élèves en fonction de leur origine

Dans leur ensemble, seuls 28,5% des élèves ont appris la Marseillaise à l'école, contre 44 % lors de compétitions sportives (par exemple quand on entend les hymnes au début des matchs), 14 % via leur famille ou leur entourage amical, 13 % à l'occasion d'événements civiques diffusés à la télévision (14 juillet, etc.).

"La variable ethnique joue fortement sur ce point. 80 % de ceux qui ont un parent étranger affirment connaître la Marseillaise du fait des compétitions sportives", relève François Durpaire. Il en déduit que l’école, en accordant plus de place à la connaissance de l’hymne, "serait en mesure de réduire l’écart entre les différents élèves en fonction de leur origine".

L'étude "La Marseillaise à l’École... ou pas ! Enseigner la France face à l’ethnicisation" est consultable ici

Diane Galbaud

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