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Jeunes en errance : "Le refus affirmé d’une intégration sociale conforme aux normes" (François Chobeaux, Cemea)

Paru dans Périscolaire, Justice, Orientation le vendredi 03 juin 2016.

Qu'est-ce qui différencie les "jeunes en errance ancrés dans la planète zonarde et punk" des autres adolescents destinataires des programmes d’aide à l’insertion et d’accompagnement social ? Ces jeunes errants ne se voient pas comme des victimes "des circonstances économiques, du racisme, des assignations territoriales…", constate François Chobeaux, sociologue, travailleur social et animateur du réseau national "Jeunes en errance" des Cemea, dans un article publié dans la revue Rhizome datée d'avril (n°59 consacré aux "adolescents difficiles").

Cette absence de positionnement est lié "au refus affirmé d’une intégration sociale conforme aux normes majoritaires : construction de sa vie par l’emploi, habitat stable, famille nucléaire". Ces jeunes se situent donc à l’opposé des autres adolescents qui rêvent intégration, consommation et normalité. Toutefois, "à la différence des grands ancêtres culturels appelés dans la généalogie zonarde, on ne voit pas apparaître dans cette population de production esthétique, artistique, politique", remarque François Chobeaux.

S’engager avec eux "dans une relation de forte proximité"

Comment se déroule le travail social avec eux ? Ces jeunes refusent le "jeu de pouvoir-dépendance" avec les travailleurs sociaux, car ils ont déjà une longue expérience de contacts contraints avec des professionnels du secteur social et médical... "Les années de parcours institutionnel vécues au sein des incohérences conceptuelles et organisationnelles de la protection de l’enfance pèsent très lourd", souligne François Chobeaux. La solution : s’engager avec eux "dans une relation de forte proximité, au détriment de la sacro-sainte 'distance' souvent enseignée comme étant indispensable à entretenir avec les usagers".

Cette démarche peut-elle aboutir à leur réinsertion ? Les conditions socio-économiques n’y sont pas favorables, "avec le chômage de masse des jeunes mêmes qualifiés et les impossibilités locales d’accès à des logements aux loyers accessibles". De surcroît, il apparaît que "nombre d’entre eux souffrent de difficultés psychologiques évoquant des psychopathologies lourdes (états limites, structures psychotiques…)", note François Chobeaux. À ses yeux, ces situations "qui conduisent à de grandes difficultés dans la conduite autonome et responsable de sa vie évoquent clairement la notion de handicap psychique prévue par la loi de 2005".

Pas de pathologisation de l’errance

Cependant, cette orientation possible ne doit pas être vue comme "une solution financière magique avant l’âge de 25 ans et un possible accès au RSA". Elle ne doit pas non plus constituer "une relégation construite dans le cadre d’une pathologisation de l’errance".

Pour François Chobeaux, il s'agit simplement de "l’application pragmatique d’une possibilité bénéfique ouverte par la loi à des personnes concernées". Et d'ajouter : "Reste évidemment la question de la stigmatisation, de la labellisation 'handicapé' qui peut être vécue ainsi si elle est imposée. Il s’agit plutôt d’expliquer, de proposer, d’argumenter cette possible ouverture construite alors dans l’intérêt même des personnes, car au plus proche de leurs réalités". 

L'article est consultable ici

Diane Galbaud

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