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Troubles mentaux, espérance de vie plus courte, risques d'incarcération..., le décrochage coûte cher (étude, Québec)

Paru dans Scolaire, Orientation le mercredi 11 mai 2016.

"Bien que le décrochage ne soit pas l’unique cause des problèmes sociaux et économiques, les études démontrent que ce phénomène a un impact réel sur de nombreux problèmes d'adaptation (échec scolaire, problèmes de comportements, isolement social, etc.), de même que les problèmes structuraux d'inégalités sociales et économiques (insertion professionnelle, chômage, etc.)." Alors que la plupart des études se penchent sur les facteurs du décrochage, une étude québécoise identifie les répercutions personnelles, sociales et économiques qu'il entraîne. Cette étude des Partenaires pour la réussite éducative en Chaudière-Appalaches (PRÉCA), instance régionale de concertation dont la mission est de "reconnaître, encourager et soutenir les individus et les collectivités dans leurs démarches et actions de formation et de développement liées à la persévérance scolaire", s'appuie sur des études québécoises mais également sur celles de l'OCDE ou encore de l'IFÉ (Institut français de l'éducation), notamment le dossier de veille de Rémi Thibert publié en 2013, "le décrochage scolaire : diversité des approches, diversité des dispositifs".

L'étude observe notamment que les personnes ayant décroché sont davantage exposées à des troubles mentaux et au risque d'être incarcérées. D'un point de vue personnel, l'étude observe en effet "un risque d’isolement social et de dépression chez ces personnes, ainsi qu’un risque de développer différents problèmes de comportements (intériorisés et extériorisés) comme des actes de délinquance".

Trois fois plus de risques d'être incarcérés

Ces risques, explique l'étude, sont liés aux difficultés socio-économiques que ces personnes sont davantage susceptibles de rencontrer mais aussi au fait que "le jeune décrocheur risque de devoir composer avec des conséquences, telles que des lacunes dans le savoir et le savoir-faire, un manque ou une baisse de confiance ou d'estime de soi, la méconnaissance de soi et des autres, un déficit de motivation et d'implication, un manque de confiance en l'avenir, un sentiment d'amertume à l'égard d'autrui, un sentiment d'exclusion".

Cet isolement social se traduit par une participation moins active à la vie de la société. Selon l'instance régionale, seuls 52% des décrocheurs exercent leur droit de vote, contre 67% chez ceux qui ont obtenu un diplôme secondaire et 84% chez ceux qui ont un diplôme universitaire.

Autre observation, les jeunes qui décrochent avant l'âge de 16 ans composent la majorité des assistés sociaux au Québec (82% des adultes prestataires de l'aide sociale et aptes au travail n'ont pas terminé leurs études secondaires) et présentent "jusqu'à 3,4 fois plus de risque d'être incarcérés au cours de leur vie". Ils représentent d'ailleurs une grande part de la population carcérale, cette dernière étant "constituée d’environ 63% de gens ayant décroché contre 37% d’individus possédant un diplôme".

À ces impacts personnels et sociaux, s'ajoutent des impacts en termes de santé puisque l'étude observe que "l’espérance de vie des personnes sans diplôme se verrait aussi diminuée de 7 à 9,2 ans comparativement aux personnes ayant obtenu un diplôme d’études supérieures".

Le décrochage en héritage ?

L'étude évoque aussi un effet transmission de l'échec scolaire, de "legs intergénérationnel". Ainsi, les enfants de mères sans diplôme d'études secondaires sont "plus susceptibles de présenter un retard sur les plans cognitifs et langagiers à la maternelle ou d'éprouver des difficultés liées à l'apprentissage de la lecture au début du primaire".

L'instance régionale a également estimé le poids économique que représentent les décrocheurs pour la société québécoise, soit 500 000 $ (350 000 €) de coûts sociaux engendrés par chacun des décrocheurs. L'ensemble de ces constats justifie les préconisations pour lutter contre le décrochage listées dans ce même document (souplesse des horaires de travail, adaptation des tâches, parrainage...). Car même si le coût est estimé entre 10 000 $ et 20 000 $ (moins de 15 000 €) pour sauver un décrocheur, "cet investissement pour la persévérance scolaire contribuera à l’enrichissement de la société québécoise, d’un point de vue social, culturel et économique", jugent les partenaires pour la réussite éducative.

L'étude ici

Camille Pons

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