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Premier stage intersyndical pour "lutter contre les idées d'extrême droite dans l'éducation"

Paru dans Scolaire le mardi 10 mai 2016.

"Pour construire une école de l’égalité maintenant, commençons par sortir d’un monde qui pensent les choses comme la droite le pense. On est contre la réussite sociale, on est pour le progrès social. On est pour l’émancipation, pour que les élèves apprennent plus de choses qu’ils n’auraient apprises sans l’école. On est contre la compétition et pour la coopération", résume Véronique Decker, directrice d’école à Bobigny et représentante de Sud éducation, au cours d’une table ronde sur "la construction d’une école de l’égalité" organisée dans le cadre d’un stage intersyndical les 9 et 10 mai à Saint-Denis.

Ce stage réunit pour la première fois trois organisations syndicales (CGT éducation IdF, CNT-SO éducation IdF et Sud éducation IdF) associées à Visa et Questions de classe(s) autour du thème des "extrêmes droite et l’éducation" et "aux idéologies qui avancent masquées, notamment dans l’éducation". "Ce stage aidera à une prise de conscience", déclare à ToutEduc Grégory Chambat, enseignant et auteur de "L’école des réac-publicains, la pédagogie noire du FN et des néoconservateurs". Il espère qu’après ces journées "les participants sauront mieux quoi répondre à leurs collègues tentés par le vote FN, de plus en plus nombreux et qui se cachent de moins en moins".

Invité à la table ronde sur l’école de l’égalité, Pascal Bouchard (ToutEduc, écrivain et journaliste) s’est interrogé sur l’origine de la pensée des "réac-publicains" qui "remonte, au-delà des pères fondateurs de la IIIe République, au Moyen-Age. Pour lui, la querelle des pédagogues et des antipédagogues réactive l'ancien conflit des "réalistes", qui croient que les idées ont une réalité, et qu'elles fondent la nature des choses, ce qui permet d'opposer au changement le principe d'autorité, aux "nominalistes", pour qui les choses ont un nom, mais que ce nom n'est qu'une étiquette qui n'interdit pas que les institutions évoluent. Les héritiers des "réalistes" estiment que l'essence de l'Ecole est intangible et que les élèves ne peuvent construire eux-mêmes leurs savoirs, une thèse reprise par l'extrême droite actuellement, mais qui se trouve aussi à gauche.

En finir avec l'organisation pyramidale

 Pour Denis Paget, professeur de lettres, ancien co-secrétaire général du SNES et membre du Conseil supérieur des programmes, "l’extrême droite se nourrit toujours du même terreau. Ce qui la fait prospérer, c’est essentiellement l’accroissement des inégalités, les phénomènes de ségrégation intenses et le sentiment profond d’injustice d’une partie de la population". Pour remédier à cette situation, il recommande de "ne pas se cacher les réalités, ne pas hésiter à s’indigner face à un certain nombre de problèmes que rencontrent les enseignants aujourd’hui". Mais que rencontre aussi l'institution : "L’école de la République ne tient pas ses promesses. Notre école n’est pas une école de la liberté, de l’égalité et de la fraternité". Il propose un projet d’école qui fasse notamment "le choix de la mixité sociale avec un travail réel sur la carte scolaire et le choix du collectif qui en finirait avec l’organisation pyramidale qui accorde un rôle omnipotent au chef d’établissement".

Cécile Ropiteaux, professeur des écoles et membre du SNUIPP, a rappelé les travaux de son syndicat sur le sexisme, les débats autour des "ABCD de l’égalité", les outrances auxquelles ils ont donné lieu, pour que "tout se termine malheureusement par une disparition pure et simple des ABCD". Elle a insisté sur la nécessité de remobiliser les enseignants sur ce sujet "pour l’égalité". L'un des participants fait remarquer que les enseignants n'ont pas su s'emparer de ce thème à l'époque pour lutter contre les discours et l'offensive idéologique de l'extrême droite et de certains milieux religieux, notamment musulmans. Tous savaient déjà que deux journées ne suffiraient pas à construire un argumentaire qui ne se contente pas de dénoncer les idées de l'extrême droite sur un plan moral, sur le mode du "c'est pas bien", et de promouvoir une école de l'égalité.

 

 

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