Journées de la refondation : l'école inclusive est en marche, reste à en améliorer la qualité
Paru dans Scolaire le lundi 02 mai 2016.
Un diplôme qualifiant et de nouveaux postes pour les AESH (accompagnants des élèves en situation de handicap) (qui remplacent les AVS, auxiliaires de vie scolaire), l'affirmation que tous les enfants sont faits pour l'école : la loi de refondation accompagne les progrès accomplis ces dernières années pour rendre l'école plus inclusive, mais des efforts au niveau de la formation et du dialogue avec les enseignants restent encore à accomplir, soulignent les professionnels qui ont discuté de la question ce lundi 2 mai, dans le cadre d'un atelier des journées de la refondation.
L'école inclusive, qui permet à chaque élève d'apprendre au mieux de ses moyens, "est vraiment en marche", mais "on a fait de la quantité, et l'enjeu maintenant est de trouver une pédagogie pour tous de qualité", explique Odile Faure-Fillastre, inspectrice de l'Éducation nationale chargée de la coordination ASH-Scolarisation individuelle en milieu ordinaire, saluant au passage le mérite des enseignants qui ont permis "cette révolution culturelle toujours en marche".
10 000 postes de AESH créés et surtout la mise en place d'un diplôme d'Etat pour ces accompagnants (voir ici) : "ils vont désormais avoir un statut stable", qui réduira la précarité des agents et "l'angoisse des parents qui ne savaient pas si, dans trois mois, il y aurait quelqu'un pour accompagner leur enfant", souligne la sénatrice PS de Gironde Françoise Cartron. C'est aussi la reconnaissance, même si elle est un peu en deça des attentes, du travail mené par les AVS. Leur métier a été inventé dans les années 80 : il ressemblait alors à un "personnage en quête d'auteur", rappelle José Puig, inspecteur d'académie, directeur de l'INSHEA (Institut national supérieur de formation et de recherche pour l'éducation des jeunes handicapés et les enseignements adaptés). "C'est le premier à être spécialiste de l'accompagnement, mais alors personne ne savait ce que c'était. Il a fallu inventer les rôles".
Passer de l'intégration à l'inclusion
L'enseignant, lui, a parfois aussi du mal à inclure ce nouveau venu dans sa classe, d'où l'importance "d'avoir des temps de formation en commun", martèle José Puig. "Les enseignants savent faire la classe, les professionnels du trouble savent accompagner les enfants aux besoins spécifiques, mais ils ne savent pas faire la classe. Ensemble, ils vont trouver une réponse négociée qui prenne en compte les contraintes de la classe et les difficultés de l'élève", plaide Serge Thomazet, maître de conférences à l'ESPE de Clermont-Ferrand. Selon lui, c'est la condition pour résoudre "cette antinomie qui est de faire une école normale et adaptée".
L'idée ? Qu'un élève handicapé, qui bénéficie de l'ULIS (unité locale pour l'inclusion scolaire), ne dise plus "je suis un ULIS", mais "je suis en 4e". Et les professionnels de la salle d'abonder dans ce sens, en demandant aussi que l'inclusion ne touche pas que les élèves handicapés mais aussi ceux ayant des troubles de l'apprentissage ou certains enfants défavorisés, une intervenant d'ATD Quart Monde évoquant aussi la question des enfants d'origine roumaine le plus souvent, non scolarisés du fait du refus des maires. Et que l'inclusion touche le temps scolaire mais aussi les activités annexes, comme l'éducation à la sexualité par exemple. Bref, que l'école ne soit pas un droit "qui se mérite" mais un droit pour tous, s'adaptant au mieux à chacun.
Clothilde Mraffko