Orientation des jeunes handicapés : des solutions à inventer. (Colloque CIDJ-ONISEP)
Paru dans Scolaire, Orientation le mardi 12 avril 2016.
Corinne Amat, enseignante référente en collège, s’étonnant de voir la facilité avec laquelle un de ses élèves handicapés s’était intégré comme stagiaire chez Disney, a interrogé ses jeunes collègues de travail. "C’est parce que nous avons grandi avec des enfants handicapés à l’école", ont-ils répondu immédiatement. Un constat "encourageant" pour cette enseignante qui a fait témoigner plusieurs de ses élèves sur leurs premiers contacts avec l’entreprise lors des "4es rencontres professionnelles de l’orientation des jeunes handicapés", le 11 avril à Paris.
Organisée par le CIDJ, en partenariat avec l’Onisep, "ces rencontres annuelles entre professionnels s’inscrivent maintenant dans la durée", a souligné Philippe Salles, directeur général du CIDJ. "Une journée dont les prolongements sont visibles dans nos publications et services, notamment dans la recherche d’une meilleure accessibilité numérique", a ajouté Hélène de Compiègne, chargée de mission handicap à l’Onisep. Pierre Deniziot, délégué spécial auprès de la présidente de la région Ile-de-France, en charge du handicap, insistant sur "la priorité donnée par la région à la formation et à l’accès à l’emploi des 55 000 franciliens handicapés".
Des stages inter-entreprises
Si les différents intervenants et notamment Odile Faure-Fillastre, inspectrice et conseillère technique ASH (adaptation scolaire et scolarisation des élèves handicapés) dans l’académie de Paris, ont présenté toutes les actions réalisées pour faciliter "l’information, l’orientation, la découverte des métiers, des entreprises et des lieux de formations", ils reconnaissent que "des solutions restent à inventer".
Pascal Duneau, coordinateur de projet mission handicap chez Total SA, propose aux handicapés "préparant un diplôme ou une reconversion professionnelle, de découvrir le monde de l’entreprise et d’acquérir des connaissances pratiques complémentaires à leur formation théorique par le biais de contrats d’apprentissage ou de professionnalisation et de stages". Pour aider les jeunes handicapés à découvrir le monde des entreprises, il suggère d’organiser "des stages inter-entreprises dès la 3e" et de leur offrir des jobs d’été. Réciproquement, Total a mis en place "un réseau de tuteurs ambassadeurs qui transmettent à leurs collègues managers le bénéfice qu’il y a à accueillir une personne handicapée".
Une méconnaissance réciproque
Laetitia Leleux, chargée d’études et de développement à l’Agefiph, constate que l’intégration des jeunes handicapés est limitée à certains secteurs d’activités : "Les métiers supports, l’administration, la gestion, la vente, la distribution recrutent de jeunes handicapés alors que la banque, les assurances et l’immobilier en recrutent peu". Elle précise : "C’est dû à une méconnaissance réciproque qu’il faut faire évoluer. Les jeunes ne connaissent pas assez les métiers qui recrutent et qui leur sont adaptés."
Au cours d’une des tables rondes consacrée aux "innovations au service de l’adaptation", Mathieu Muratet, maître de conférences en informatique à l’INSHEA (Institut national supérieur de formation et de recherche pour l’éducation des jeunes handicapés et les enseignements adaptés) a présenté des ressources pédagogiques adaptées comme des cartes de géographie pour déficients visuels ou des scanners de pages pour faciliter la prise de notes. "Nous sommes toujours en veille", insiste-t-il. "Nous suivons l’évolution des élèves, des enseignants et des parents. Nous identifions les bons outils qui répondront aux besoins des handicapés et aussi finalement à tous."