UNSA-Education : inscrire les revendications à venir dans une vision du monde (L. Escure)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le mardi 29 mars 2016.
Le discours de Laurent Escure, secrétaire général de l'UNSA Éducation, a été reçu avec une "standing ovation". Il ouvrait le congrès de la fédération syndicale qui se tient à Grenoble jusqu'au 31 mars. Il est le seul candidat à sa succession et il répond aux questions de ToutEduc
ToutEduc : Quels sont les enjeux du congrès de Grenoble ?
Laurent Escure : Quatre ans après le congrès d'Angers, l'un des objectifs de ce congrès, c'est de regarder si les objectifs que nous nous étions fixés, juste avant la présidentielle, ont été atteints. Nous militions pour une refondation de l'éducation, dont une partie a été réalisée. Nous regrettons bien sûr que tous les pans du système éducatif n'aient pas été traités - c'est compliqué lorsqu'on touche l'éducation -, mais en ce qui concerne la scolarité commune, la refondation a été engagée. Nous y avons contribué, en l'exigeant d'abord puis en améliorant les textes qui nous ont été présentés : reconstruction de la formation des enseignants, priorité au primaire, remettre des moyens dans les zones en difficulté, réforme du collège. Nous ne nous sommes pas contentés de regarder ce qui se passait. Nous nous sommes engagés contre certaines outrances d'opposants qui ont usé de tous les artifices pour essayer de bloquer cette avancée de la démocratisation scolaire.
Nous avons en revanche des attentes sur l'après, sur le lycée et l'articulation lycée-premier cycle universitaire, bac - 3 bac + 3, où peu de choses ont été faites. C'est l'une des prochaines étapes.
ToutEduc : Quelles sont les priorités pour les personnels ?
Laurent Escure : Il y a des choses que nous avons pu faire avancer en termes de reconnaissance des personnels, mais il y des zones d'ombre, notamment pour les personnels de santé et sociaux, qui ont des besoins spécifiques qui n'ont pas encore été traités, en termes de postes et de rémunération. Je pense notamment aux médecins. Si on veut garder une médecine scolaire, il faut qu'on arrête d'avoir les "médecins low coast" de la fonction publique, qui sont les moins bien payés, et on a du mal à recruter. Il faut créer les postes, mais on n'attire pas les jeunes médecins vers la médecins scolaire.
ToutEduc : Comment se porte la fédération ?
Laurent Escure : Nous avons plus de 80 000 adhérents. Ça fait 4 ans qu'on a une hausse de syndicalisation chez les actifs, et une hausse globale pour la deuxième année. Lors des élections de décembre 2014, nous avons progressé sur tous nos secteurs, enseignement scolaire, enseignement supérieur, enseignement agricole, la culture, la santé avec les instituts de jeunes aveugles notamment. On a aussi une petite implantation dans les établissements privés du côté des animateurs et des communautés éducatives avec les instituts médico-scolaires.
ToutEduc : Quelles sont les principales thématiques du congrès ?
Laurent Escure : Réaffirmer notre orientation autour du "réformisme combatif". Le slogan du congrès est "la force positive". On s'arme pour les quatre ans qui viennent, d'un texte un peu nouveau. Il y a 20 ans, on avait édité "Pour une société éducative", et là on édite "Oxygène(s) - Manifeste pour une société solidaire et éducative", où on intègre tout ce qui n'était pas dans le précédent sur "les bascules du Monde", technologiques, climatiques,... Nous lançons une réflexion pour les 15 ans qui viennent, avec des revendications qui tiendront compte de ces réflexions.
Propos recueillis par Claude Baudoin