SNES : des tiraillements avant le congrès ? (Blog de Luc Cédelle)
Paru dans Scolaire le samedi 19 mars 2016.
Sur son blog, Luc Cédelle, journaliste au Monde, donne de larges extraits d'une contribution au prochain congrès du SNES, particulièrement critique à l'égard du "pré-rapport" rédigé par la direction du syndicat FSU du second degré. Cette contribution est signée Ces réflexions sont une contribution au congrès qui se réunira à Grenoble, du 28 mars au 1et avril, et elle est signée par Denis Paget, ancien cosecrétaire général de 1997 à 2004, membre du CSP (conseil supérieur des programmes), et militant actif de l'Institut de recherche de la FSU, ainsi que par Jean-Marie Maillard, également ancien cosecrétaire général, et Elizabeth Labaye, ancienne secrétaire nationale.
Il est ici reproché à la direction et à son projet de texte de ne faire "aucune allusion au fait que notre Ecole bat tous les records en Europe de la ségrégation sociale". Le pré-rapport ne propose de plus aucune analyse de "la crise profonde de la relation pédagogique qui aboutit (...) au raidissement de notre profession dans les relations aux élèves et aux parents". Il se contente "de l’image idéalisée du professeur du secondaire accroché à sa discipline comme la moule sur son rocher". Aucune réflexion non plus sur les élèves "qui n’auront pas totalement validé le socle en fin de 3ème et qui auront 16 ans l’année suivante" ni sur l'organisation du lycée, alors qu'il faudrait "repenser en profondeur la rigidité des séries et des voies". Les trois auteurs proposent d'ailleurs de "revoir profondément la classe de seconde", l'orientation entre enseignement général, technologique et professionnelle étant repoussée d'un an. Les critiques portent aussi sur la faiblesse de la réflexion sur les travaux interdisciplinaires, sur la question de la laïcité, sur l'enseignement des langues régionales et minoritaires, sur la direction des établissements scolaire.
Un modèle pédagogique et un modèle politique
Elles portent surtout sur la réforme du collège. S'agissant des EPI, les enseignements interdisciplinaires, ceux "de la ministre sont mal ficelés" mais "leur manque de cadrage est une chance pour inventer des projets intéressants", car "l'important c'est surtout que les élèves réalisent une oeuvre sur la durée, de façon collective". Et au-delà, c'est la conception même du métier d'enseignant qui est en cause : est-il concepteur de son enseignement, ou attend-il des programmes qu'ils balisent de "façon minutieuse tous les contenus et toutes les pratiques" ? Au-delà encore, c'est le modèle politique qui est en cause. Un système "centralisé et pyramidal" ne produit pas de l'égalité, "c'est malheureusement le contraire qui se passe" et "les systèmes qui creusent le moins les écarts en Europe sont précisément ceux qui accordent une grande marge d'initiative aux équipes pédagogiques".
Et enfin, une auto-critique : antérieurement, le syndicat prenait "au moins la précaution de présenter (ses) contre-propositions, même si c'était toujours un peu à coup de slogans".
A noter que les débats sont souvent vifs entre les diverses tendances au sein de la FSU, entre les syndicats, et au sein des syndicats, entre tendances, mais, à l'exception des critiques à l'égard de Michel Deschamps, le premier secrétaire général de la FSU, qui avaient conduit à son départ en 1999, à l'intérieur de la tendance majoritaire, leur violence est rarement perceptible pour l'observateur extérieur, même si celui-ci peut les soupçonner. Il est toutefois impossible, en l'état, de dire si cette prise de position traduit un malaise profond au sein de l'organisation syndicale, ou si elle est le fait d'anciens cadres qui ne représentent qu'eux-mêmes.
La contribution est téléchargeable sur le site du SNES, ici
Le blog de Luc Cédelle ici