Journée des droits des femmes : l'Education nationale mobilisée contre les stéréotypes (ministère et Onisep)
Paru dans Scolaire, Orientation le mardi 08 mars 2016.
L’observation des statistiques "pourrait laisser croire à l’existence de 'différences naturelles' entre les sexes, qui conduiraient filles et garçons vers des destins différenciés. C’est précisément contre ce schéma, qui enferme filles et garçons dans des rôles et représentations stéréotypés (...) que la loi confie aux écoles, collèges, lycées et établissements d’enseignement supérieur la mission de favoriser la mixité et l’égalité entre les hommes et les femmes, notamment en matière d’orientation", écrivent Najat Vallaud-Belkacem et Thierry Mandon dans la préface du document publié, ce 8 mars, par la DEPP, "Filles et garçons, sur le chemin de l’égalité de l’école à l’enseignement supérieur".
Le service statistique de l'Education nationale montre notamment qu'une fille de 2 ans, qui est entrée à l’école en 2013, "peut espérer 18,5 années de formation initiale", contre 18,1 pour un garçon (tous modes de formation, y compris l'apprentissage, pris en compte). A 14 ans, 71 % des garçons sont en 3ème contre 77 % des filles. Dans les lycées d'enseignement général et technologique, 54 % des élèves sont des filles, 79 % en terminale L, mais seulement 7 % en STI2D. Elles sont moins de 20 % à préparer un CAP "production", mais 70 % à préparer un CAP "services" dans les lycées professionnels. Seuls 29 % des apprentis du secondaire sont des apprenties. Le document de la DEPP détaille les différences de parcours qui "se caractérisent par une moindre réussite scolaire des garçons". D'ailleurs, si on considère la proportion des titulaires du baccalauréat dans une génération, la différence est de 13 points, 85 % pour les filles contre un peu moins de 72 % pour les garçons, et alors que les deux courbes avaient tendance à se rapprocher, elles divergent depuis 2012.
Une réussite en trompe l'oeil
Le document de la DEPP montre aussi que ces différences se retrouvent dans tous les pays de l'OCDE. Les garçons ont de meilleurs scores en culture mathématiques, de 2 points en Norvège à 25 points au Luxembourg, sauf en Islande, Finlande et Suède... Partout les filles décrochent moins souvent que les garçons. Mais, ajoutent les deux ministres, cette réussite scolaire des filles est "en trompe-l’oeil puisque celles-ci s’orientent sur un nombre de filières plus limité et, à diplôme équivalent, s’insèrent moins bien en emploi".
Ils estiment que la situation "exige de chacun des acteurs du système éducatif une attention aussi bien pour le parcours des filles que pour celui des garçons, à l’École mais au-delà, dans la vie sociale et professionnelle", et la mobilisation de la société toute entière passe par celle de l'Ecole.
Une feuille de route
La ministre publie, sur le site du ministère, une "feuille de route 2016" pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Elle rappelle les dispositions existantes, "l’inscription de l’enjeu de l’égalité dans les nouveaux programmes d’enseignement". Un concours d'affiches et de vidéos est ouvert aux élèves de 4ème-3ème et aux lycéens; leurs productions "pourront servir de supports pédagogiques à tous les établissements". Par ailleurs, "le ministère proposera une évolution législative de manière à mettre en œuvre dans les instances de la vie lycéenne (CAVL, CNVL) – et collégienne lorsqu’elles existent - le principe de parité". Il veillera au développement homogène des formations à l’égalité des sexes dans les ESPE". Dans l'enseignement supérieur sera organisée au mois de septembre la 9ème conférence internationale sur l’égalité femmes-hommes. Dans le domaine des ressources humaines, le ministère "consolidera les avancées réalisées, qu’il s’agisse de la mise en place d’une politique active de nomination dans les emplois d’encadrement supérieur, d’un approfondissement de la connaissance de la situation du ministère en termes d’égalité (...), et de la constitution d’un socle de formation à l’égalité en faveur des personnels".
Pour sa part, l'Onisep met en ligne sur son site de nouveaux modules destinés à "sensibiliser les jeunes aux stéréotypes de genre dans le champ de l’orientation scolaire et fournir des outils pédagogiques aux équipes éducatives". C'est ainsi que, pour faire évoluer les représentations, "la dimension de l’égalité est renforcée dans les vidéos", et "seront particulièrement mis en valeur les propos de filles et de professionnelles se trouvant dans des formations ou des métiers dits masculins", comme ceux "des garçons et des hommes ayant choisi une formation ou un métier dit féminin". Un "kit pédagogique égalité" donne les textes de référence et des données chiffrées sur la répartition des filles et des garçons dans les filières d’études et les secteurs professionnels. Le site propose aussi des séquences pédagogiques en lien avec le parcours Avenir et destinés à "amener les élèves à comprendre les origines des stéréotypes" et "à modifier leurs représentations". Elles sont aussi sur le site d'Eduscol (ici).
"Filles et garçons sur le chemin de l'égalité" ici
Le site du ministère ici
Le site de l'ONISEP ici